Les 6èmes Rencontres du ROSMES94 le 8 avril 2008
à Gentilly
AUTISME ET PSYCHOSES
QUOI DE NEUF ?
ENJEUX AUTOUR DES ADEQUATIONS
ENTRE RECOMMANDATIONS ET PRATIQUES
Ces rencontres ont été organisées par Mesdames Marie-Christine Charpentier et Sylvie Loichet coordinatrices du Rosmes 94 et animées par Madame le Professeur Catherine Jousselme, médecin responsable de la Fondation Vallée et du secteur de psychiatrie infanto- juvénile 6 du Val de Marne
120 personnes ont assisté à ces rencontres et représentaient une grande diversité des corps de métier du sanitaire, médico-social, et éducation nationale.
De qui ? De quoi parle t-on ? Quand on parle d’autismes de psychoses et de troubles envahissants du développement. Qu’en est-il de ces concepts en pleine évolution ?
Qu’en est-il du dépistage, du diagnostic et des prises en charge des adolescents autistes et psychotiques ?
Comment les accompagner ?...
I. N s Nous sommes souvent démunis face à ces jeunes autistes qui vivent dans un monde qu’ils semblent ne pas comprendre. Nous sommes démunis et leur monde peut nous être inaccessible. Comment donc se comprendre, comment construire des ponts entre eux et nous ? Comment leur permettre de revenir ou de venir parmi nous ?
Pour nous éclairer, nous donner quelques pistes et échanger nous avons proposé tout au long de cet après-midi plusieurs interventions où se sont conjuguées théories et pratiques.
Les intervenants:
informations : un clic sur le nom de chaque intervenant vous renvoie directement à son exposé
Depuis 2008 les fonctions et coordonnées de plusieurs intervenants ont changé, nous avons choisi de les laisser apparaître telles qu'elles étaient le 8 avril 2008
1- Mme Marie Christine CHARPENTIER, médecin psychiatre: l'évolution de l’appréhension de l’autisme de la fin du 18ème siècle à nos jours.
2- Mme Lisa OUSS, médecin psychiatre au CRAIF ( Centre ressources Autisme Ile de France) :les 16 recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme.
3- M. Jacques CONSTANT, médecin psychiatre à la maison des personnes autistes de Chartres en Eure et Loir: Comment accompagner les personnes autistes vers la vie adulte
4- Mme Marie PIOGET, psychologue, Mme Sylvie HERVIN éducatrice au SESSAD « les comètes » Créteil: Présentation du SESSAD et accompagnement d'un enfant scolarisé.
5- M. Jean Pierre THEVENOT psychiatre hospitalier ancien médecin chef des 7ème 8ème et 17ème arrondissements de Paris secteur infanto-juvénile. Enquête : Bilans et conclusions du suivi de la cohorte
1- Mme M.C. CHARPENTIER
Bref Exposé sur l’évolution de l’appréhension de l’autisme
L’Histoire des psychoses infantiles, s’est construite au fil des ans en même temps que l’enfant sortait de l’indifférence dans laquelle il se trouvait.
La clinique des psychoses s’est alors développée. L’autisme est sorti de la préhistoire pour entrer dans l’histoire avec Léo Kanner (1943) et sa description de 11 cas cliniques qui mettait en évidence une impossibilité de communiquer même lorsque l’enfant a un langage, et un besoin d’isolement et d’immuabilité, et remarquant qu’il s’agissait d’un problème inné.
En même temps qu’il décrivait ces cas cliniques Kanner posait de lui-même un paradoxe qui allait alimenter quelques années de polémique en posant aussi l’hypothèse d’une probable difficulté relationnelle parents-enfant. L’autisme a longtemps suscité la polémique et la passion pour des raisons qui touchent à sa pathologie même étrange et angoissante.
L’évolution s’est faite vers un concept qui tend à l’unification des psychoses infantiles à travers une description en termes psychodynamiques, ou d’un fonctionnement psychique archaïque (M. Malher, Tustin, Misès)…
Dans les années 1970 émerge des classifications, internationales (CIM) et américaines (DSM) multipliant les diagnostics différentiels et intégrant l’autisme typique et les psychoses infantiles dans « les troubles envahissants du développement ».
Les découvertes en génétique et en neurologie conduisent à sortir aussi certains tableaux cliniques des TED et donc à devenir des entités(X Fragile, Syndrome d’Angelman, Syndrome de Rett).
Le syndrome d’Asperger, l’Hyperactivité vont aussi s’en détacher ainsi que le concept de dysharmonie psychotique proposé par R. Misès et repris dans la classification française (CFTMEA 1987).
Plus récemment les américains ont décrits le « multiplex developmental disorder » trouble qui se rapproche dans ses manifestations des dysharmonies psychotiques françaises.
Aujourd’hui la CFTMEA se rapproche des 2 autres classifications internationales, car elle mentionne en équivalence des troubles psychotiques les TED et distingue le syndrome d’Asperger et les troubles désintégratifs de l’enfance mais conserve la notion de dysharmonie psychotique.
Tout ceci a abouti à une définition toujours plus fine des symptômes autistiques.
L’autisme est un syndrome dont la réalité de son expression clinique montre la relative diversité et variabilité. On reconnait un polymorphisme de l’autisme ; cependant on retrouve toujours ce qu’on appelle la triade symptomatique de l’autisme :
- Troubles du contact et des relations sociales
- Troubles de la communication
- Troubles du comportement et/ou activités restreintes et/ou activités répétitives.
L’autisme est actuellement conçu comme un trouble envahissant du développement dont il est le prototype.
L’autisme et les troubles envahissants du développement sont durables et ont des conséquences importantes sur l’entourage familial et social, s’ils ne sont pas pris en charge précocement ils entraînent un handicap important pour l’enfant. Ils requièrent cependant une approche pluridisciplinaire pour leur compréhension, leur diagnostic et pour leur prise en charge en y incluant la famille.
Pour cela il est nécessaire que des clivages soient dépassés.
Mme C. JOUSSELME : « quand on se met à parler d’autisme il faut parler de clinique sinon on ne parle pas de la même chose », elle rappelle par ailleurs l’importance de la multidisciplinarité dans notre approche de l’enfant autiste.
2- Mme L. OUSS
Les 16 recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme
Mme le Dr. Lisa Ouss, Pédopsychiatre au CRAIF a présenté les 16 recommandations pour la pratique professionnelle du diagnostic de l’autisme.
Ce document a été élaboré à la demande de la fédération française de psychiatrie en partenariat avec la Haute Autorité de Santé ou HAS. Sa promotion et sa rédaction ont été confiées au Professeur Charles Ausilloux et au Docteur Amaria Baghdadli. Ce document passionnant a été élaboré par des professionnels reflétant toutes les sensibilités en matière d’autisme d’où son importance. La spécificité du travail à la française y a été pris en compte. Il est consultable sur le site internet de l’HAS.
Ces recommandations portent sur le diagnostic de l’autisme infantile et des autres troubles du développement. Elles intéressent plus particulièrement les enfants et les adolescents âgés de moins de 18 ans.
A ce jour il existe 5 centres diagnostics de l’autisme sur l’ile de France. Le 5ème vient d’être inauguré à la Fondation Vallée. La responsable médicale est Mme le Docteur Sarah Bidlowsky
1- Les bases du diagnostic:
Ces recommandations comportent 16 points pour les bases du diagnostic de l’autisme
1- Le diagnostic clinique est basé sur la CIM10 et doit comporter une évaluation fonctionnelle intégrant les observations des parents. Le diagnostic de l’autisme est possible à 2 ans mais avec circonspection, il devient fiable après l’âge de 3 ans.
2- 2- Les outils du diagnostic:
2-1 : Les outils spécifiques
2.1.1. Diagnostic
- ADI (autism diagnostic interview) questionnaire parents
- ADOS permet de relever des éléments à partir de l’observation du comportement de l’enfant
- CARS Childhood autistic rating scale qui apprécie la sévérité de l’autisme.
2.1.2 Appréciant les domaines de déveIl s’agit d’une observation clinique structurée utilisant des examens psychologiques non spécifiques : échelle de Weschler, WPPSI, Wisc, Brunet-Lézine, Kabc et spécifiques : PEP-R (profil psycho éducatif révisé) et Vineland.
2-2 : l’examen du langage et de la communication : CSP (childhood social profile), Grille de Wetherby.
3-La procédure du diagnostic :
Il ne faut pas perdre de temps et il est nécessaire d’instaurer des liens entre les équipes en amont et en aval. Selon les centres de diagnostic, les modalités d’observation sont différentes. Il est important que le délai entre la demande et le rendu soit inférieur à 3 mois. Le diagnostic devrait être donné par le médecin aux parents dans le mois qui suit les examens.
4 - L’information à la famille doit s’effectuer avec un seul et unique compte-rendu qui regroupe tous les examens.
5 - L’articulation entre la procédure diagnostique et la prise en charge : le lien entre l’équipe qui diagnostique et l’équipe de terrain doit être immédiat.
6 - Le repérage des maladies associées : ces maladies ou anomalies associées comme l’épilepsie précoce ne remettent pas en question le diagnostic d’autisme
7 - Les examens complémentaires : Examen de la vision et de l’audition, recherche d’anomalies génétiques (X-fragile…)
8 - Les prescriptions orientées par les investigations (EEG sieste, IRM cérébral morphologique avec spectroscopie, bilans génétiques orientés).
9 - L’articulation entre les investigations complémentaires au diagnostic ne doit pas retarder la prise en charge.
10 - Les investigations peuvent servir la recherche il est nécessaire de demander la collaboration des parents
11- Les signes d’alerte à connaître et à rechercher par les praticiens de 1ère ligne :
Les inquiétudes des parents évoquant une difficulté développementale de leur enfant doivent être prises en compte car elles sont souvent corrélées à une anomalie effective du développement.
Il existe des signes d’alerte absolue qui doivent conduire à demander rapidement un avis et un bilan spécialisé.
· Absence de babillage, de pointage ou autres gestes sociaux à 12 mois
· Absence de mots à 18 mois
· Absence d’association de mots non écholaliques à 24 mois
· Perte de langage ou de compétences sociales quel que soit l’âge.
12- L’intérêt du diagnostic précoce pour limiter l’errance et le stress des familles notamment la survenue de sur handicap, permettant la prise en charge y compris des troubles associés.
13 – les instruments de dépistage systématique
La CHAT est un instrument, bien que peu sensible pour le dépistage spécifique de l’autisme est utilisé à partir de 18 mois. Il est disponible en français mais non validé en France.
14- Conditions du dépistage systématique précoce de l’autisme
Le dépistage de la communication doit porter sur plusieurs classes d’âge et est à envisager dans le cadre des examens systématiques de santé à 9, 14 et 24 mois et lors des examens de santé scolaire et déboucher sur une prise en charge précoce.
Le dépistage doit s’appuyer sur un réseau de correspondants coordonné et non saturé impliquant les médecins généralistes de PMI, de santé scolaire, les pédiatres, les CAMSP, les services de psychiatrie infanto-juvénile…. et sa faisabilité implique la formation initiale et continue de l’ensemble des professionnels de la petite enfance.
15- Actions à entreprendre pour favoriser l’orientation diagnostique précoce.
Sensibiliser tous les professionnels aux problématiques de développement
Développer la formation des médecins à l’information et à l’annonce aux parents d’un diagnostic de TED ou d’autisme.
Faciliter les passages entre les niveaux des réseaux du dépistage au diagnostic vers les équipes spécialisées et diminuer les délais d’attente.
16- L’information aux parents et au grand public.
Informer les parents sur les signes les plus communs, sur la diversité des évolutions, sur les ressources communautaires, les prises en charge et orientations.
On peut souligner l’intérêt des campagnes grand public avec l’information via internet. Informer le grand public sur les étapes du développement social du bébé et du jeune enfant, sur l’importance des observations et du ressenti des parents et l’intérêt d’en faire part à un praticien.
Conclusion :
Le document concernant les recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme est l’aboutissement d’une démarche consensuelle et rigoureuse sur un sujet difficile et passionné qui a cependant fait l’unanimité des professionnels. Il prévoit les liens respectifs entre procédure et suivi. Il donne des repères cliniques nombreux précis et facile à lire, sous forme de tableau très clair. Il est accordé une grande part aux familles dans leur prise en compte pour le diagnostic. Il met à disposition des outils et des coordonnées.
Il est nécessaire de rappeler le décalage important entre l’inquiétude des parents et le diagnostic formel. 4 ans… 3 à 4 consultations avec différents professionnels ceci ne devrait plus exister
Pas de diagnostic avant 2 ans mais des signes d’alertes dés la première année dont tout professionnel doit tenir compte
Pour le futur il est important que ce document soir diffuser très largement avec l’aide des gens de terrain.
Les grandes lignes de procédure doivent être respectées ainsi que l’information et la formation de manière à remédier à la carence de formation des professionnels dans ce domaine. On constate sur le terrain le manque de formation des professionnels dans les CMP, tant au niveau du diagnostic que des prises en charge proposées qui sont peu adaptées et univoques, l’éducatif étant trop souvent laissé de côté.
Le CRAIF propose régulièrement des sessions d’informations gratuites à Paris à destination des professionnels et des familles sur les différentes modalités de prise en charge de l’autisme
Il faut favoriser la recherche pour cela les gens de terrain doivent être des relais
Ces recommandations ne sont pas une utopie mais un réel projet qui doit être largement connu des professionnels dans l’intérêt des enfants et des familles.
3- M. J. Constant
Comment accompagner les personnes autistes vers la vie adulte ?
Monsieur Jacques Constant Président de la société Française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
« Il est l’un des premiers à avoir fait un grand écart extraordinaire entre le psycho-dynamisme et l’introduction du Teacch dans cet hôpital de jour dont il fut chef de service » C. Jousselme
Il est actuellement psychiatre à la maison des personnes autistes d’Eure et Loir située à Chartres
Cette structure se compose d’un service d’accompagnement de jour ou SAJ et d’un SESSAD pour les 14-24 ans. La maison des personnes autistes a pour mission de réévaluer les ressources du jeune et de sa famille.
C’est en quelque sorte un laboratoire d’accompagnement sur mesure qui travaille en lien avec les institutions du réseau local dans lesquelles la plupart d’entre eux sont déjà. Nous veillons à exporter dans le réseau et à ajuster au mieux possible ce qui a été observé du comportement et des possibilités du jeune en tenant compte de ce que peuvent faire les collègues avec leurs contraintes locales (1 pour 1 au SAJ et 1 pour 4 en institution).
L’objectif est d’améliorer la vie de ces personnes en faisant évoluer les professionnels vers une culture d’accompagnement des personnes autistes, afin d’éviter les passages qui se font encore trop souvent dans des conditions brutales.
Le Docteur CONSTANT a édité un DVD intitulé « Le Permis de se conduire en Pays Autiste » qui est diffusé par l’association de parents Pro-Aid Autisme (
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). Il a repris les principaux thèmes de ce DVD dans l’exposé suivant.
1-La Métaphore du Pays Autiste :
La métaphore du pays autiste est un invariant sémiologique de sémiologie relationnelle. On a coutume de dire, « Il est dans son monde et ce n’est pas le mien », et c’est ce rapport personne autiste et non autiste qui va poser problème. Le pays autiste est virtuel, et les dyscommunicants qui l’habitent fascinent le monde réel des non autistes.
Les personnes autistes, ces « habitants droit du sol » sont à la fois tous semblables par leurs mœurs et leurs conduites liées aux mécanismes autistiques (des sensations, des perceptions, et un mode de traitement de l’information de leur environnement très spécifiques) et ceci probablement de façon innée ou très précoce dans leur développement mais aussi tous différents par leur personne dans la mesure où chacune a un niveau de développement différent, une histoire familiale et un contexte social qui lui est propre.
Leurs parents sont des « binationaux » obligés à plein-temps, les professionnels y sont des travailleurs immigrés, quelques heures par semaine seulement.
Depuis quelques temps on voit de plus en plus apparaître des témoignages de personnes autistes de haut niveau, qui disent comment elles pensent et comment elles sentent les choses. Dans son livre « Le bizarre incident du chien pendant la nuit » Mark Haddon, ancien éducateur anglais, devenu écrivain, propose un roman policier écrit par un autiste de haut niveau qui décrit comment il perçoit le monde et comment ses parents y transitent ou tentent de s’y adapter.
2-Quels rapports entre pays autiste et pays réel ?
- La Rencontre et la notion d’accompagnement
La grande difficulté entre le pays autiste et le pays réel c’est la rencontre entre les personnes autistes et non autistes : Qui est le plus handicapé des deux ?
La personne autiste est réellement handicapée… Cependant la personne non autiste est tout aussi handicapée dans son rôle social quand elle est en présence d’un autiste… l’enseignant quand il n’arrive pas à faire apprendre , le médecin quand il ne peut « théraper »,et l’éducateur qui n’arrive pas à transmettre des valeurs de relations sociales.
Pour dépasser nos handicaps on a besoin d’hypothèses ce dont les personnes autistes se passent tout à fait. Ainsi nous pouvons penser que ce que nous expliquent les personnes autistes de haut niveau soit applicable aux bas niveaux
Ces témoignages insistent sur les différences de perception, de sensorialité, le primat du logico-cognitif sur le psycho-affectif et puis la notion d’un rapport visuel pour extraire les informations de l’environnement plutôt qu’un rapport langagier.
Nous sommes donc invités à une révolution culturelle où nous ne sommes plus en position de soigner, d’aider des handicapés. Nous sommes dans une rencontre entre deux façons d’être- au -monde, nécessitant un effort de modification de nos représentations. Nous devons reprendre tous nos idéaux, professionnels par rapport à un deuil de notre rôle social de « guérisseur » que nous ne parvenons pas à tenir, comme les parents ont à reprendre leurs idéaux de parents par rapport au deuil d’un enfant qui n’arrive pas. On est exactement en équilibre avec les parents dans la difficulté.
A partir du moment où on se met dans cette position qui représente une révolution, la rencontre est bénéfique au deux, personnes autistes et non-autistes.
C’est un pays ou les codes sociaux ne sont pas les même que les nôtres, à ce propos une anecdote
Jim Sinclair autiste de haut niveau a organisé le premier congrès entre personnes autistes sur le campus d’une université américaine. Chacun devait amener sa tente et il avait retenu une salle pour la conférence. Ils n’en ont pas eu besoin, personne n’est sorti de sa tente, ils ont communiqué par internet d’une tente à l’autre.
Notre travail d’accompagnement est en fait double. Il faut amener la personne autiste vers plus d’autonomie dans notre monde, en lui expliquant le monde réel tel qu’il est, en étant le décodeur social qui lui permet de dire les choses… , et accompagner les personnes non autistes en leur expliquant le pays autiste.
3- Le code de la route pour voyager en pays autiste
Pour voyager en pays autiste. Il faut avant le départ vérifier les niveaux :
Vérifier l’intensité du degré d’autisme, avec la CARS très simple à utiliser, sous forme de questionnaire à faire passer aux parents et à l’équipe de l’institution où est le jeune.
L’ADI auprès des parents et dans l’institution où est le jeune ; pour apprécier la sévérité de l’autisme.
Vérifier le niveau de développement avec le PEP-R, l’AAPEP, ou l’évaluation fonctionnelle interactive (EFI) pratiquée en Belgique pour les bas niveaux.
La CARS et l’ADI donnent un diagnostic, ceux-ci n’ont pas un intérêt majeur pour la pratique de la prise en charge. Pour évaluer les ressources et envisager la prise en charge, nous utilisons le PEP-R ou l’EFI, bases sur lesquelles on va pouvoir construire un projet. Il nous faut environ 6 mois pour faire l’ensemble de ces tests et s’assurer que tout le monde est d’accord sur le type de difficulté qui va durer toujours. La cassette de la vidéo de la passation du PEP-R est remise à la famille qui en prend connaissance afin que nous puissions discuter ensemble des exercices à faire d’après les émergences repérées, mais toujours sur ordonnance parentale. Le PEP-R est un outil très intéressant qui ne devrait pas seulement être utilisé par les psychologues mais aussi par les éducateurs.
Plus la personne est déficitaire, plus l’environnement doit s’adapter, plus l’enfant est autiste plus l’environnement doit être « pré- vu » (structuré et contenant).
Lorsque « l’on prend la route » avec la personne autiste : Il faut rester vigilant, ne pas oublier les panneaux ou les difficultés repérées sinon la sortie de route est garantie et des troubles du comportement encore plus importants apparaîtront. Il ne s’agit pas de faire pareil pour tout le monde mais il faut respecter certaines règles.
Une personne autiste plus une personne non autiste forment un duo qui vire très vite au duel
- Conduire seul est interdit, enseigner seul est interdit, dans l’école l’AVS est une nécessité ainsi que travailler en équipe et à l’aide d’outils. Nous devons être en conduite accompagnée car une personne autiste ne peut se conduire toute seule dans notre monde. L’accompagnant va être le décodeur du code social.
- Il faut certes avoir la compréhension des mécanismes de la déficience, mais aussi chercher à les compenser
- Pour compenser la déficience dans la perception des indices sociaux l’environnement doit être le plus pré-visible possible. Concrètement, dans la structure SAJ tout est badgé, avec des photos sur les portes les personnes sont aussi badgées…Cette structuration difficile à faire, demande un effort institutionnel considérable qui va à l’encontre de notre façon de penser, de notre spontanéité naturelle, … Cela atténue les comportements difficiles, cela ne les supprime pas mais nous rend et leur rend la vie plus facile.
Je ne propose pas une méthode , mais plutôt une philosophie de position, position prise en fonction de leur façon de penser, de concevoir le monde, pour aller là où se situe leur mode de compréhension et en respectant leur vitesse d’acquisition. Il faut décrypter leur logique.
Il est nécessaire de travailler par petites étapes avec des objectifs modestes mais réalisables. Il faut découper en séquence, en fonction de chaque sujet.
Les échanges avec les parents binationaux à plein temps doivent être fréquents et d’autant plus prioritaires que leur enfant ne peut pas s’exprimer…Les parents mettent en place des stratégies dont nous devons tenir compte …
Il faut dire stop aux interprétations abusives du style « Il nous provoque…il le fait exprès… » Au lieu de dire « Pourquoi il ne veut pas » il est plus heuristique de dire « Comment il va pouvoir » et pour cela trouver une médiation qui tiendra compte de ses mécanismes et de son niveau de développement. Ce qui n’est pas dans notre façon de faire habituelle. Il s’agit peut-être d’une panne de démarrage pour laquelle nos interprétations sont inopérantes alors qu’une petite astuce*permettrait de résoudre le problème
Le langage articulé n’est pas leur canal principal de communication, il est préférable de passer par des méthodes alternatives telles que la communication visuelle gestuelle, il faut chercher le meilleur outil possible : le PECS, le Makaton, la synthèse vocale… Il s’agit de compenser la déficience en langage.
Si il y a un point sur lequel on peut progresser c’est sur la communication bien plus que sur les interactions sociales et quand on progresse sur ce plan on a un effet de diminution sur des comportements gênants.
Face à des situations de troubles des conduites il faut compenser la déficience de planification de l’action et rentrer dans une habitude professionnelle de constante réévaluation de son travail jusqu’à ce que cela devienne une culture d’établissement. Il est nécessaire d’analyser ce qui s’est passé, d’émettre des hypothèses, et de réévaluer les exercices que l’on propose…
Il faut Choisir les routes prioritaires et donner la priorité, à l’autonomie plutôt qu’à la performance, à l’apprentissage séquentiel perpétuellement réévalué et à l’environnement pré-visible. La sortie de route nous guette si nos objectifs sont trop grandioses, il faut alors réévaluer à la baisse,
Si on oublie les mécanismes autistiques, si on oublie leur niveau de développement et modification insuffisante de la position de l’accompagnant. Si toutes les bonnes conditions sont réunies, si vous n’avez pas perdu de points en route, vous aurez le permis de se conduire en pays autiste.
Mme le Professeur C. JOUSSELME: Une des difficultés actuelles dans le travail avec les enfants autistes est sans doute de parvenir à transformer un idéal psychanalytique absolu en terme de guérison, en idéaux du moi plus atteignables, qui prennent en compte les paramètres à la fois émotionnels, cognitifs, neurobiologiques et environnementaux du sujet et de sa famille.
Il faut vite se sortir de l'idée qu'on peut uniquement en référence à un travail psychanalytique guérir l'autisme, mais également, ne pas s'enfermer dans celle qui consisterait à segmenter la vie des patients à l'infini, par des méthodes uniquement comportementales, en pensant qu'ils vont vivre comme tout le monde. Le seul moyen est sans doute d'articuler les deux approches pour mieux comprendre le fonctionnement global de ces patients.
Mme M.PIOGET, Mme S. HERVIN
◊ Présentation du SESSAD "les Comètes"
Le SESSAD les comètes est situé à Créteil. Il prend en charge des enfants présentant des troubles envahissant du développement et autistes âgés de 3 ans et demi à 8/10ans. La prise en charge s’effectue au domicile, au SESSAD et sur leurs différents lieux de vie, à l’école pour ceux qui sont en intégration scolaire et dans les centres de loisirs s’il y a besoin d’un accompagnement pour aider à leur intégration.
Dans un premier temps il est pratiqué un bilan pluridisciplinaire pour évaluer les capacités de l’enfant et son niveau de développement et leur proposer la prise en charge personnalisée la plus adaptée possible. Celle-ci peut se faire en individuel au SESSAD ou à domicile, ou bien en petits groupes en binôme de professionnels en utilisant différents médiateurs :
Atelier : sur la sensorialité, de motricité fine, d’habiletés sociales, d’expériences scientifiques, de psychomotricité à la piscine et au poney.
En parallèle il est proposé un accompagnement pour les familles (groupe de paroles pour les parents, groupe de discussion pour les frères et sœurs).
Un certain nombre d’enfants sont scolarisés, en milieu scolaire ordinaire, en maternelle, en CLIS ou en UPI.
◊ A propos de l’accompagnement d’un enfant scolarisé
R. 4 ans et demi a été adressé au SESSAD par un service hospitalier où le diagnostic d’autisme a été fait. A son arrivée la prise en charge a débuté par une observation éducative de R. à domicile et dans les locaux du SESSAD. Elle consiste en une prise de contact mutuelle et permet de repérer les habitudes, les centres d’intérêts, et les difficultés et particularités comportementales. De son côté l’enfant a fait lui-même son observation des comportements et mimiques de l’éducatrice qui sera sa référente.
Cette observation est un complément à la mise en place du projet éducatif individualisé(PEI).
Chaque enfant a son programme qui découle du PEI .Mme Hervin intervient auprès de R. dans les locaux du SESSAD en individuel en groupe et à l’école.
R. est dans le groupe sensorialité, atelier dans lequel il apprend à utiliser de façon fonctionnelle et adéquate ses différents sens. Au bout de quelques mois R.est parvenu à manipuler les objets en les touchant sans être obligé de passer par sa bouche comme il le faisait auparavant. Cet acquis facilite sa socialisation et l’entrée dans les apprentissages. Il peut montrer qu’il y a trouvé un intérêt .
R. participe aussi à un groupe poney avec une psychomotricienne et l’éducatrice qui est son repère permanent, visuel et physique.
R. a des prises en charge individualisées à l’école au SESSAD et à domicile. Il s’agit d’aider l’enfant à rentrer dans de nouveaux apprentissages, apprendre à rentrer en communication en relation de la manière la plus adaptée possible et la plus facile pour lui dans l’instant présent avec les moyens qui sont les siens en tenant compte de sa fatigabilité. Lui laisser le temps de trouver une voie d’accès possible vers les apprentissages un peu plus académiques.
Les séances individuelles permettent de mettre en place un support visuel, pour compenser le déficit de communication. Les supports sont variables, ce sont des photos ou images d’objets que l’enfant a l’habitude de convoiter dans son environnement, ils permettent de construire par exemple un emploi du temps de séance, de phases de travail… Pour introduire l’activité concernant le travail de La poursuite oculaire à l’aide de bulles de savon que l’enfant apprend à suivre on lui présente une photo de l’appareil à bulles. Les photos de petit format sont fixées sur une bande velcro qui est présentée à la lecture de l’enfant à plat ou en vertical en fonction de sa compétence repérée du moment, dans le cas de R c’est à plat.. Il faut toujours adapter le matériel proposé à l’enfant en tenant compte de ses particularités quant à la perception des distances, des volumes variables d’un enfant à l’autre. L’objectif est les faire évoluer vers des choses plus fonctionnelles, plus pratiques et d’aboutir à la généralisation, c'est-à-dire la possibilité de reproduire l’action dans un autre contexte.
Les séances de groupe permettent à R d’imiter un autre enfant, ce qui peut conduire à une ébauche d’interactions.
La scolarité a été proposée à R sur des temps très courts, deux heures trente deux fois par semaine, ici l’éducatrice joue le rôle d’AVS, car l’équipe avait formulée des craintes à l’encontre de cette scolarisation ce qui avait angoissé la famille. L’éducatrice est apparue comme « une valeur sure » aux yeux des parents et de l’école. En effet R a un contact rare et fluctuant, une perception variable et particulière de son environnement, il peut être hermétique et hyporéactif, a parfois des réactions inquiétantes qui peuvent être liées à très peu de choses comme un bruit, une couleur… « il faut avoir des yeux pour R, des oreilles mais on ne peut se mettre à sa place », il faut donc sans cesse faire de nouvelles tentatives, pour trouver ce qui l’a gêné.
L’éducatrice va faciliter l’intégration progressive de R. dans cette classe où se trouve déjà d’une enseignante, une ATSEM. R. semble se sentir bien dans la classe, il montre un début de sourire social, un sourire réponse, grâce au repérage visuel, il vient de plus en plus spontanément avec les autres pendant le temps de regroupement, imite la maitresse lorsqu’elle chante des chansons à gestes et rit.
L’éducatrice a pour rôle de transmission d’informations et d’outils. En classe on a mis en place un emploi du temps de la matinée avec des photos, ceci ne stigmatise pas R puisque les autres enfants peuvent aussi l’utiliser,
Un petit carnet avec des photos de lieux a été réalisé, il s’agit d’un album photo que l’enfant garde avec lui. Ainsi lorsqu’il se trouve dans un lieu autre que la classe, le préau par exemple, il est possible de lui montrer l’endroit où va se passer l’activité suivante au lieu de retourner consulter l’emploi du temps en classe. Ce repérage doit se faire à l’instant présent et être très spécifique, c'est-à-dire tenant compte de ce qu’il peut reconnaître et qui le rassure. Cela permet d’anticiper. L’objectif aussi est de l’aider à généraliser les actions dans d’autres lieux. R n’accepte actuellement de se rendre dans les sanitaires qu’à la condition d’aller sur la même cuvette de WC, la photo permet d’anticiper cette action mais aussi de pouvoir aller dans des sanitaires dans un autre endroit, c'est-à-dire de généraliser. Nous devons avoir en tête l’idée que l’enfant ne vivra pas toujours dans le même lieu, il faut lui permettre d ‘être le plus épanoui possible pour qu’il puisse s’adapter dans un autre lieu.
L’intérêt de cette présence en classe, c’est que l’éducatrice puisse partir tout en douceur et passe le relais par la suite à une AVS. De même que l’enseignante doit pouvoir utiliser les outils sans la présence de l’éducatrice.
Mme le Professeur C. JOUSSELME: Pour aider les patients autistes, il faut sans doute pouvoir s'identifier à eux au quotidien le plus possible. Cela est difficile pour les soignants , car il faut faire feu de tout bois, être créatif en permanence. ce travail est parfois épuisant, et c'est pourquoi, il est particulièrement important qu'un travail institutionnel soutienne les équipes. la formation est aussi essentielle pour parvenir à ne pas être englouti par le fonctionnement autistique. Parler dans l'équipe de ses ressentis, se permettre d'évoquer ses difficultés restent tout à fait incontournable pour mieux aborder la thérapeutique de ce type de pathologie.
M. J.P. THEVENOT
Enquête : Bilans et conclusions du suivi de la cohorte
Le Dr. J.P.Thévenot a été responsable d’une vaste enquête de suivi de cohorte en Ile de France qui a regardé comment en quelques années évoluait le trajet de certains patients autistes ou présentant des troubles apparentés.
Le point de départ de cette enquête s’appuie sur la réalité du terrain : pas suffisamment de places dans les institutions par rapport aux besoins qui s’expriment ! Cependant il ne suffit pas de créer des places pour que tout soit réglé.
Ainsi il a été posé une autre hypothèse qui est la suivante : Peut-on mettre en évidence les facteurs qui facilitent ou empêchent l’admission dans une institution à partir d’un suivi suffisamment long d’un nombre d’enfants suffisamment nombreux.
Comment définir la cohorte : l’étude a retenu l’autisme « typique ou atypiques » et les psychoses dysharmoniques, pour une population d’enfants déjà pris en charge en institution ou en instance de l’être.
Cette étude a rencontré des obstacles liés aux craintes des collègues psychiatres :
Est-il possible de proposer à une famille d’intégrer son enfant à une enquête sur l’autisme alors que le mot n’a jamais été prononcé ?
Proposer une enquête longitudinale dans une perspective de recherche ne risquait t-il pas de perturber, gêner le contact avec la famille ? Ou à contrario pouvait-il le faciliter ?
◊ Les critères d’inclusion :
Enfants nés en 89, 90,91
Domiciliés en Ile de France
Répondant soit à un diagnostic de la classe 1 de la CFTMEA, soit à la catégorie F84 de la CIM10
« Cependant les modalités selon lesquelles étaient posées le diagnostic faisant appel pour chaque enfant à un quotateur différent, ont bien fait apparaître le caractère subjectif qui infiltre la procédure d’élaboration du diagnostic qui devait être formulé en clair »
Les réponses à l’enquête montrent que l’emploi des outils diagnostiques spécifiques à l’autisme n’est pas d’un usage courant. Certaines confusions ont même été faites entre outil diagnostique et bilan de compétences. Il a été mis aussi en évidence le caractère non figé du diagnostic, les tableaux cliniques pouvant se modifier au fil du temps et sous l’effet des actions soignantes et éducatives.
Cette enquête s’adressant aux enfants pris en charge en institution ou en instance de l’être ne pouvait pas permettre de donner des informations quant à la prévalence de l’autisme au niveau régional. Ce n’était pas son but puisqu’elle ne relevait pas d’une enquête en population générale. L’objectif assigné était de mieux connaître les réponses institutionnelles aux besoins d’accueil des enfants d’une certaine tranche d’âge et porteurs de troubles avérés.
La répartition des diagnostics était la suivante : autismes 45% , dysharmonies psychotiques 20%, psychoses délirantes , schizophrénies infantiles ou autres 35%.
493 dossiers ont été traités, renseignés sur les plan diagnostiques, anamnestiques, socio-démographiques et handicaps. Dans cette étude, aucune donnée anamnestique, socio-démographique ou nosographique n’apparaît être un facteur déterminant dans l’orientation des enfants vers tel type de prise en charge.
◊ L’effet filière :
L’étude montre que lorsque les enfants changent d’institution, ils restent majoritairement dans la même filière (sanitaire vers sanitaire, médico-éducatif vers médico-éducatif).
Le diagnostic ne joue pas dans la capacité d’un enfant à être pris en charge dans une institution. Par contre un élément majoritairement déterminant est le niveau du handicap. Pour cela a été utilisé la classification internationale du handicap en catégorisant le niveau d’incapacité de 0 à 5 (incapacités lourdes ou légères).
Une réalité dure : Globalement les enfants qui n’ont aucune prise en charge sont ceux qui ont des niveaux d’incapacités plus graves que ceux qui bénéficient d’une prise en charge.
Quand il y a un changement d’institution l’accord est donné plus facilement à un enfant qui a un niveau d’incapacité plus léger que plus lourd.
Situations à dénoncer : On a délimité des prises en charge insuffisantes ou limitées
- Pas de scolarité
- Pas de prise en charge institutionnelle
- Un suivi ambulatoire (orthophonie, psychothérapie…..en CMP ou en libéral) égal ou inférieur à une fois par semaine.
A un moment ou à un autre de l’étude 20% des enfants se sont retrouvés dans cette situation de prise en charge insuffisante. C’était dans tous les cas des enfants avec une incapacité lourde.
◊ Conclusion :
Sur quoi peut-on déboucher ?
Partir du bilan des incapacités, c’est prendre un risque, c’est revenir à une pratique d’il y a 50 ans avec une approche purement symptomatique telle qu’elle était avant que ne s’élabore les bases conceptuelles de la psychiatrie infantile.
Les orientations éducatives et soignantes ne peuvent se faire sur des symptômes, il faut toujours qu’il y ait un travail de réflexion, d’élaboration du diagnostic s’appuyant sur la compréhension psychopathologique du développement mental des enfants et des adolescents. Cette phase d’élaboration du diagnostic est indispensable pour penser un projet de soin incluant les dispositifs soignants tant thérapeutiques qu’éducatifs, tant individuels qu’institutionnels. Si on veut qu’un enfant soit admis Il faut que l’institution puisse répondre à la gravité du handicap.
On ne peut faire l’économie d’aucun de ces 2 plans d’approches de l’enfant, la réflexion diagnostique en terme de fonctionnement psychopathologique d’une part, le réflexion en terme de compétences et d’incapacités d’autre part.
L’enquête peut se révéler décevante car elle n’a pas trouvé un élément qui permettrait de dire « voilà où est le mal ». Cependant ce projet a objectivé une situation, le blocage lié à la sévérité du handicap. A l’évidence la création de places lors de ces dernières années a constitué une réponse opérante à une situation de pénurie ; mais poser le problème en terme quantitatif entraîne obligatoirement un point de vue qualitatif. En effet l’échec d’une demande d’admission s’accompagne du commentaire suivant « l’établissement n’est pas équipé pour ce cas ». Il faut apporter des propositions pour sortir de cette situation
Si on veut bien tenir compte de la variété et du polymorphisme des tableaux cliniques, du caractère non figé du diagnostic et de l’extrême dispersion des parcours inter institutionnels, en effet on retrouve ces enfants autistes ou ayant une dysharmonie psychotique dans toutes les institutions et venant de partout , il est souhaitable que les projets d’établissements soient ouverts à des situations diversifiées. Ceci suppose que ces mêmes établissements disposent de moyens matériels conséquents et surtout soient animés par des équipes nombreuses et constituées de personnel qualifié ouvert aux différentes disciplines concernées par le soin aux enfants porteurs de troubles autistiques apparentés. C’est l’inertie actuelle de l’évolution de nos capacités de prise en charge qui est à prendre en considération.
Mme le Professeur C. JOUSSELME: Cette enquête montre bien l'importance fondamantale pour traiter les enfants autistes, de pouvoir disposer de personnel en nombre suffisant, avec des formations suffisantes. on voit par ailleurs que le nombre de places est insuffisant, les moyens également dans les prises en charge elles mêmes. L'enjeu est un enjeu de santé publique, reconnu dans les derniers discours du ministre de la santé.
Le réseau permet, par ailleurs de mieux travailler autour de ces cas lourds, en établissant des relais, des ponts, pour garantir la continuité des soins.
M.C. CHARPENTIER et S. LOICHET
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