Les Rencontres du ROSMES94
PRISE EN CHARGE DES ENFANTS A L IME ARC EN CIEL RENCONTRES ROSMES94 AVRIL 2019 PDF Imprimer Envoyer
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Vendredi, 06 Septembre 2019 14:03

PRISE EN CHARGE DES ENFANTS A L’IME ARC EN CIEL

FONDEMENTS ET TRAVAIL AU QUOTIDIEN, QUESTIONNEMENTS

Présentation réalisée par  Madame Valérie ENQUIN psychologue

 

Nous allons essayer à travers quelques grands traits de vous donner une idée concrète du travail que nous faisons au quotidien et sur la durée avec les enfants que nous accueillons, avec les valeurs et théories qui fondent notre travail.

 

L’IME Arc en Ciel accueille actuellement 50 enfants âgés de 6 à 19 ans. Ils avaient jusqu’à 14 ans jusqu’alors, mais les difficultés d'orientation nous ont conduit à pousser plus loin nos limites, non sans questionnement. Ces enfants présentent des tableaux cliniques variés. Historiquement, l’IME Arc en Ciel était connu pour accueillir des enfants présentant majoritairement des troubles dysharmoniques. Notre agrément stipule « des jeunes présentant une déficience intellectuelle moyenne à légère, avec ou sans troubles psychiques associés ».

Le projet d’établissement est basé sur l’accueil du sujet dans sa globalité et sa singularité, il repose sur l'articulation entre un axe constitué par le projet individuel qui porte l'enfant (fonction paternelle), et un emboitement d’enveloppes successives qui accueillent et contiennent l'enfant (fonction maternelle).

 

 

 

 

Pour chaque enfant on définit donc un projet individualisé (sur les versants éducatif, thérapeutique et pédagogique) tenant compte de ses appétences, ses compétences, ses difficultés, ses enjeux personnels. Ce projet est matérialisé par une carte, permettant à chaque enfant de savoir à chaque instant ou est sa place. Il est revu chaque année et évolue en fonction des évolutions de l'enfant.

Selon son âge principalement, l'enfant est inscrit dans une unité (Cadet, Junior ou Ado). Les 4 éducateurs responsables de chaque unité mettent au point une large palette d’ateliers psycho éducatifs permettant au travers de nombreuses médiations de travailler les différents axes de prise en charge au plus près des besoins de chaque enfant..

Comme il est signifié aux enfants lors de leur rendez-vous de préadmission, « Ici on aide les enfants à bien grandir ». Ce qui est visé c’est d’accompagner l’enfant vers le maximum d’autonomie et d’épanouissement personnel en privilégiant 3 axes de développement : celui de la subjectivation, celui de la relation et l’inscription dans le social, et celui des apprentissages (compétences, connaissances).

Voici une carte type :

 

On voit ici que tous les temps sont balisés, et qu’il y a dans la journée d’un enfant un grand nombre de temps successifs, chacun étant l’occasion d’une rencontre différente (adultes, groupes d’enfants, médiations). Ce déroulement quasi immuable dans lequel viennent s’imbriquer des temps de prise en charge pédagogique (dans l’Unité d’Enseignement sur place), ou thérapeutique (en psychomotricité, orthophonie, psychothérapie) constitue le socle, le cadre répétable et sécurisant.

 

Nous allons approfondir quelques fondements de notre accompagnement

 

- La première enveloppe dans laquelle est accueilli l'enfant est la référence : Chaque enfant est accueilli dans un petit groupe de référence (4 à 5 enfants), par un éducateur qui le suivra tout à au long de sa prise en charge (toutefois un questionnement autour des jeunes qui sont toujours à l'Arc en Ciel après 15 ans nous a conduit à faire évoluer nos pratiques).

La référence a lieu toujours dans la même salle, et même si cette salle accueille d'autres groupes sur d'autres temps de la journée,  elle est avant tout pour les jeunes « leur salle ». La référence est un lieu et un moment très ritualisé, à forte teneur symbolique. Le référent est la première surface de projection, le premier objet de transfert fléché pour chaque jeune. Ainsi la référence est un temps qui permet aux jeunes de déposer des choses, d’aborder certaines problématiques non abordables dans d’autres lieux. C’est un espace sécurisant, un temps où il n’y a pas de demande. On peut jouer parler écouter de la musique. Le référent représente le pilier du jeune dans son parcours arc-en-ciel.

 

Le projet global de chaque unité est adapté aux besoins spécifiques liés à l’âge et aux problématiques :

De manière transversale : une importance particulière est accordée au jeu et à la créativité, permettant l’expression des problématiques subjectives et la construction identitaire.

Egalement le sport constitue un important fédérateur, une médiation qui permet de travailler de nombreux aspects sans que l’enjeu relatif aux apprentissages en soit autant perçu, ainsi qu’une occasion de valorisation narcissique pour certains enfants.

Les sorties (ateliers à l’extérieur comme sorties exceptionnelles) sont un élément important de prise en charge, qui permettent aux enfants de prendre place dans le tissu social environnant.

 

En Cadet par exemple il est essentiellement travaillé l’apaisement (commencer à se poser dans un atelier) l’intégration du cadre, l’instauration d’un sentiment de sécurité et de continuité,  faire confiance à l’adulte pour commencer à montrer ses difficultés, se risquer à une tâche, pouvoir trouver du plaisir à faire. Les médiations sont beaucoup axées autour de la sensorialité, de la rythmicité, des habiletés manuelles fondamentales, de l’expression à l'aide de supports concrets.

 

Le travail trans disciplinaire :

Le dispositif de prise en charge des enfants à l’IME se fonde sur la pluralité des rencontres. Chaque professionnel est ainsi susceptible de rencontrer chaque enfant, dans des temps formels ou informels. Ceci permet à chaque enfant de fonder des liens à tonalités différentes et de pouvoir mettre au travail selon différentes modalités les enjeux qui le traversent. Le projet s’appuie sur un maillage inter professionnel très serré. Le travail trans-disciplinaire est alors une nécessité afin de pouvoir élaborer collectivement les mouvements qui animent les enfants, qui peuvent venir se transférer dans les équipes, l’institution, et leur en restituer quelque chose, chacun de sa place et dans sa fonction. Ce travail se décline dans les différents temps de réunions (réunion d’unité, réunions d’équipes (thérapeutique, éducative), réunions cliniques et institutionnelles, groupes de travail).

 

Autour de l’enfant : la famille, et les éventuels partenaires (CMP, ASE…).

Pour chaque enfant le référent éducateur travaille en binôme avec un co-référent institutionnel (psychiatre ou psychologue institutionnelle). Ensemble ils rencontrent régulièrement la famille de l’enfant. Sur un socle de 3 rencontres par an, le rythme s’adapte aux besoins et peut aller pour certaines familles à certains moments jusqu’à 1 fois par mois.

 

Conclusion, questions :

 

C’est la pluralité des profils d’enfants qui fait à la fois la force et la difficulté du dispositif.  La force car les capacités et difficultés des uns et des autres peuvent créer et alimenter une vraie dynamique d’entraide groupale.

Difficulté car il demande une souplesse et adaptabilité constantes, l’équilibre dans les groupes est précaire et toujours à surveiller. Les mouvements de groupe peuvent devenir une « contamination ».

 

Une admission est toujours un pari. Une rencontre en pré admission et une observation de 1 journée à une semaine ne suffisent pas pour présumer de la manière dont l’enfant et ses parents vont rencontrer le dispositif.

Selon, l’histoire de l’enfant, celle de sa famille, les rencontres faites à l’IME, ses ressources propres, il va pouvoir à un moment donné se saisir ou non des propositions qui lui sont faites.

 

Certains enfants ont, dit-on, « toute leur place ici », alors même qu’au départ on pourrait imaginer le contraire. (Cas d’une jeune venant d’Haiti, très entravée et marquée par le traumatisme subi, qui après une prise en charge thérapeutique très soutenante, un gros travail socio éducatif, a réussi à apprendre à lire, est devenue une adolescente épanouie, est partie en IMPro)

D’autres enfants aux difficultés cognitives moins prononcées, mais souffrant d’une forte inhibition, ont pu se re-narcissiser dans cet environnement protégé, là ou l’inclusion aurait été trop attaquante, ce qui leur a permis de réintégrer à leur rythme en respectant un temps de transition, des dispositifs scolaires (ULIS école / collège).

 

Il y a ces enfants qui nous semblent « à la limite entre Hôpital de Jour et IME », voire qui selon nous auraient dû être en Hôpital de Jour mais qui faute de place sont pris en charge à l’Arc en Ciel. Ces enfants débordent parfois nos capacités de contenance groupale, et nous font ressentir l’échec, l’impuissance, nous plongent dans leur vécu d’objet éternellement insatisfaisant.

 

Parfois « ça va mieux » : nombreux cas de jeunes entrés dans des états de grande désorganisation multipliant crises clastiques et passages à l’actes violents sur les autres enfants, sur les adultes... se sont finalement apaisés et sont aujourd’hui en IMPRo, ce qui a été impensable pendant longtemps. Ces trajectoires ne peuvent se faire qu’en appui sur un secteur très présent (CMP, CMPP), voire une articulation « hors cadre habituel » (cas d’un jeune accueilli à mi temps, au départ avec une ressource dédiée à son soutien, avec tout au long de sa prise en charge un suivi en CMP et une prise en charge à mi temps en CATTP, qui va aujourd’hui pouvoir aller en IMPro)

 

D’autres fois « ca s’aggrave », dans ces cas là souvent il faut en appeler au tiers social ou psychiatrique (ASE, CMP, ULPIJ…) temporairement ou plus radicalement

On assiste parfois à des décompensations plus ou moins rapides. On se culpabilise :

Aurait-on présumé de la capacité de l’enfant à supporter le collectif, de côtoyer autant d’enfants d’âges et de pathologies très variables, de supporter un emploi du temps qui ne souffre pas de temps respiration, pas de vide, qui « attend les enfants » à une place, puis à une autre puis à une autre etc. N’a t-on pas su accueillir ses parents leurs angoisses est on allés trop vite, pas assez pour « travailler leur déni » des difficultés de leur enfant ?

Ces situations ont un fort impact sur la vie de l’équipe : « ça nous divise », « ça nous agite », « ça nous fait souffrir »… On en vient à  douter de notre capacité à soigner, à se dire qu’ils seraient mieux ailleurs, à rêver d’un hôpital-miracle qui pourrait prendre en charge ces enfants au plus près de leur besoin.

 

A la fin se pose la question de l’orientation.

De plus en plus de jeunes « ne pourront pas aller en IMPro » où les exigences en terme de compétences et d’autonomie sont trop importantes.

Le manque de structure pour ces jeunes soit trop malades (Hôpital de Jour adolescents) soit trop peu autonomes psychiquement (IME/IMP) nous contraint à faire évoluer notre accueil, dans une certaine violence subie.

Dans nos représentations, l’Hôpital de Jour, le recours au « sanitaire » comme on dit, peut aussi être pour les professionnels une issue insatisfaisante (nos représentations réciproques sont à travailler !)

Mise à jour le Vendredi, 06 Septembre 2019 15:00
 
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ROSMES94 - Les Rencontres du ROSMES94
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Mardi, 28 Mai 2019 14:54


Les soins à l’Hôpital de jour Chaslin de la Fondation Vallée

Rencontres  du ROSMES94 10 avril 2019

L'hôpital de jour Chaslin

Dr Richard BUFERNE

Structure de soin sectorisée (Secteur 94I06), sur le site de la Fondation Vallée, 7 rue Benserade, à Gentilly


24 enfants, filles et garçons, âgés de 4 à 12 ans, répartis dans 3 groupes de 8 enfants Baobab, Séquoïa et Flamboyant (Groupe des grands)


Equipe pluridisciplinaire : 21 personnes :

  • 10 soignant(e)s :

  • Chaque groupe est sous la responsabilité d’un binôme infirmière/éducatrice spécialisée ou EJE (6 ETP)

  • Deux EJE assurent les accueils en Jardins d’enfants et sont attachées aux deux groupes des plus jeunes (1,6 ETP)

  • Une aide-soignante est volante sur les trois groupes (1 ETP)

  • Une éducatrice spécialisée est responsable des ateliers créatifs (1 ETP)

  • 2 Agents des services hospitaliers (2 ETP)

  • 1 cadre de santé (0,7 ETP)

  • 2 médecins : 1 PH et 1 médecin assistant (0,9 ETP)

  • 2 psychologues (1,3 ETP)

  • 1 psychomotricien (0,5 ETP)

  • 1 secrétaire (0,5 ETP)

  • 2 enseignants spécialisés intervenant dans le cadre de l’Unité d’Enseignement

Projet Institutionnel :

Deux piliers :

  • Fidélité à la Cure en institution qui « comporte à la fois une dimension éducative qui repose sur l’engagement direct et le soutien apporté à l’enfant dans son ouverture à de nouvelles expériences éducatives et une dimension psychothérapique fondée sur la compréhension psychodynamique de ses troubles et de ses modalités relationnelles avec l’entourage (…). La dimension pédagogique constitue le troisième élément de l’action institutionnelle » (R Mises).

  • Ouverture à d’autres approches dans une visée intégrative à travers la « boîte à outils » conceptuelle qui a pu se constituer autour des TED/TSA au cours des deux dernières décennies mais aussi par l’ouverturevers l’extérieur (projet de vie, projet scolaire).

Liens et articulations + + + entre trois niveaux :

  • Le plan individuel, chaque patient doit être abordé dans sa globalité incluant les dimensions somatique, psychologique et socio-familiale de ses troubles.

  • Le plan intra-institutionnel, les interventions relevant de différents champs , thérapeutique, éducatif et pédagogique doivent être articulées.

  • Le plan extra-institutionnel, les actions entreprises dans l’unité doivent être coordonnées avec éventuellement d’autres interventions (CMP, services sociaux, professionnels libéraux…).

Dans ce cadre singulier se déploient des actions multiples qu’il faut coordonner au sein d’un PTEPI (Projet Thérapeutique Educatif Pédagogique Individualisé) dont la réalisation nécessite :

  • Des interventions diversifiées, utilisant de multiples médiations et organisées selon un emploi du temps précis.

  • Un accompagnement de chaque enfant adapté à ses difficultés et à ses compétences, permettant le passage d’une activité à l’autre. Les échanges entre les intervenants doit permettre également l’élaboration d’un récit de la prise en charge qui, narré au patient, peut l’aider à la mise en place des processus de symbolisation.

  • Une évaluation clinique régulière permettant d’adapter le PTEPI à l’évolution de l’enfant.

  • Des temps de réflexion collective à travers plusieurs types de réunions : synthèses, réunions institutionnelles, réunions avec les psychologues, réunions cliniques avec toute l’équipe, réunions école/soignants, réunions plus spécifiques.

Les parents participent à l’élaboration et à la réalisation du PTEPI :

  • Contacts informels, cahier de liaison.

  • Entretiens médecin/psychologue/soignant référent

  • Réunions de parents : début et fin d’année, réunions thématiques

  • (Liens avec l’assistante sociale du CMP ou de la structure de soin où l’enfant est suivi).

  • Suivis dans une autre structure de soin type CMP +++

Vignette clinique : Jules, bientôt 9 ans
Dr Richard Buferne


Mère comptable, père administrateur de système informatique.

Né en  2010 à 39 SA d’une grossesse sans particularité : PN : 2920 g ; TN : 44,5 cms ; PC : 33,5 cms ; Apgar 10/10
Repéré en crèche à 18 mois : tendance à s’isoler, pas de langage


Adressé au Centre Médico Psychologique ou CMP : 1ère consultation en février 2013 (Moins de 3 ans) avec une psychologue consultante. TPM individuelle et groupe Corps et sons 2013/2014 au CMP puis TPM en libéral jusqu’en juin 2016


ROI au CMP de janvier 2015 à l’été 2018 (2 séances par semaine)
ATT en avril 2014 : progrès au niveau du langage
Avril/mai 2015 : Bilan neuropédiatrique non contributif


Entré à l’école en janvier 2014 à temps partiel : MSM Temps partiel & AVS pour 2014/2015


Admission au Centre Accueil Thérapeutique à Temps Partiel en septembre 2015 + MGSM Temps partiel & AVS pour 2015-2016


Admission à l’Hôpital de Jour en septembre 2016 + GSM Temps partiel & AVS pour 2016-2017

A l’entrée : Autisme moyen (Troubles de la compréhension et de l’expression, inhibition ++ dans les interactions sociales, stéréotypies ++ et conduites ritualisées) , retard dysharmonique, conduites d’opposition, difficultés d’apprentissage (passivité, sensibilité à l’échec)


Arrivée à l’HDJ : Après un temps d’observation en juin 2016, Jules entre à l’HDJ en septembre. Il est accueilli dans un groupe de 8 enfants, encadré par deux soignants référents, un éducateur de jeunes enfants et une infirmière.

Les enfants présentent des âges (de 5 à 10 ans), des pathologies et des niveaux de développement hétérogènes. Tous les enfants ont un besoin de contenance important, car ils sont très perméables aux mouvements psychiques des autres enfants et aux changements de l’environnement, et peuvent vite se désorganiser.
Dans un premier temps, Jules est un petit garçon de 6 ans qui se sépare (en apparence) facilement. Il reste cependant accroché à son doudou qu’il garde en bouche toute la journée. Jules a vite repéré les adultes référents de son groupe, toujours vigilant quant à leur présence. Ce n’est qu’après quelques semaines que Jules va montrer des angoisses de séparation, notamment avec son papa.
Jules est un enfant qui parle avec de courtes phrases simples et il sait se faire comprendre. Dans le groupe, il va passer beaucoup de temps au fond de la pièce, s’isolant de façon active. Puis, il va petit à petit se rapprocher des autres pour enfin participer à ce que les adultes lui proposent. C’est un enfant qu’il faut beaucoup étayer pour éviter qu’il ne s’isole.
Effectivement, Jules est très « enfermé » : il se parle beaucoup, se raconte des « choses » pour lui tout seul. Ces « monologues » sont souvent accompagnés de stimulations visuelles (manipulations de petits objets devant les yeux).


La prise en charge à l’hôpital de jour :

E Garcia Ballester, Psychologue, pour l’équipe soignante


Pour Jules, comme pour chacun des enfants du groupe, un emploi du temps personnalisé est élaboré en fonction des objectifs de travail qui ont été dégagés lors de la période d'observation.


L’enfant est accompagné dans sa construction en tant que sujet à travers les différents domaines que sont la relation, la communication, la socialisation, le développement des compétences cognitives, l’autonomie, la motricité.


L'emploi du temps de chacun des enfants est réaménagé à chaque rentrée scolaire, en prenant en compte son évolution et ses besoins.
Jules, comme chaque enfant de l’hôpital de jour, bénéficie de temps de groupe, de temps de jardin d’enfant en individuel ou en petit groupe, et participe à des ateliers, dont les objectifs correspondent à ses besoins, à ses compétences et à ses centres d’intérêt. Des temps de prise en charge à l’Unité d’Enseignement de l’hôpital peuvent être mis en place. Des soins (psychomotricité, orthophonie, psychothérapie) peuvent être proposés, soit sur place, soit au CMP.


Les temps de groupe :

Le groupe est le lieu d’accueil et de référence de l’enfant, c’est un point de repère essentiel, un lieu sécurisant. L’objectif des temps de prise en charge sur le groupe est de proposer des temps différenciés aux enfants, selon leur disponibilité.


Des rituels structurants sont mis en place : temps d’accueil avec comptines, construction de l’emploi de temps de la journée, temps calme après le repas.


L’utilisation de supports visuels (emploi du temps et pictogrammes) et la mise en place de rituels permettent d’aider les enfants à se repérer dans le temps et l’espace, et à passer d’une activité à une autre et d’un lieu à un autre. Les pictogrammes sont également utilisés pour leur proposer des choix dans les activités et les inciter à prendre des initiatives.


Les enfants sont accompagnés pour devenir plus autonomes sur les gestes du quotidien, pendant les temps de groupe et lors des repas thérapeutiques qui font partie intégrante de la prise en charge.


Sur le groupe, les soignants référents respectent le rythme de Jules en lui laissant des temps libres pour lui permettre de se récupérer (notamment à l’arrivée le matin, et dans les temps de transition), et le sollicitent pour l’amener à s’intéresser à la relation et à aux activités proposées.


Pendant la deuxième année de prise en charge, les temps de groupe sont augmentés : l’année qui s’est déroulée a mis en évidence la fatigabilité de Jules qui a, en dehors de l’HDJ, un emploi du temps très chargé (centre aéré tous les soirs). Autre constatation : Jules reste très en difficulté face aux demandes frontales et trop cadrées. Les temps de groupe permettent de mieux respecter son rythme. Favoriser pour Jules des temps de récupération lui permet d’être en capacité de se rendre disponible aux sollicitations des adultes, d’être en relation, partager une activité et répondre à des demandes.


Peu à peu il accepte plus facilement de répondre aux demandes de l’adulte et maintenant, il prend parfois des initiatives. Il peut maintenant faire des liens entre la maison et l’hôpital de jour, les référents remplissent et lisent avec lui le cahier de liaison avec la famille. Il peut raconter ses vacances, son week-end, et partager ses intérêts même s’il a encore besoin d’être beaucoup étayé. Ainsi, sa soignante référente a cherché une comptine venant du pays où il était parti en vacances, et dont il parlait beaucoup, pour qu’elle fasse partie du répertoire de comptines chantée ensemble sur le groupe.

Les jardins d’enfants :

Les temps de prise en charge au jardin d’enfant se font en petit groupe de deux ou trois pour favoriser les interactions par le biais d’activités partagées comme des jeux de société, des lectures d’album, des jeux de construction, des jeux symboliques, les jeux sensoriels, les activités créatives…


La prise en charge est adaptée d’année en année. Jules est accompagné dans son ouverture aux autres et dans le décryptage de ses émotions. Le registre émotionnel a aussi été travaillé à partir de livres et d’images qui sont autant de supports pour l’aider à se représenter ce qui peut se passer en lui. Jules peut maintenant tolérer la présence de l’autre, accepter que la personne qui est avec lui ait une existence autonome, commencer à jouer à des jeux de société – suivre les règles ne lui est pas une tâche aisée ! Au fur et à mesure de la prise en charge, on peut susciter chez Jules le plaisir relationnel et le partage.

Les ateliers :

Des temps d’ateliers à médiation ou centré autour d’une activité sont proposés par les différents soignants de l’équipe, tels que balnéo, équithérapie, atelier marche.
Une éducatrice spécialisée est dédiée aux ateliers d’expression artistique, et propose aux enfants en petit groupe un cadre qui favorise la mise en forme de vécus émotionnels et une expression spontanée et authentique.
Jules est donc amené à participer à des ateliers menés par d’autres soignants que ses référents. Au cours de sa 1ère année de prise en charge, il a bénéficié de l’atelier courses et cuisine, parcours moteurs et d’un atelier créatif. L’année suivante, il a participé à un atelier d’arts plastiques dans lequel il a été amené à élaborer un imaginaire partageable, à exprimer ses souhaits et à faire des choix.
Cette année un atelier dessin lui est proposé, dans la continuité du travail effectué les deux années précédentes.

Les séjours thérapeutiques :

Un séjour thérapeutique peut être proposé à certains enfants, afin de travailler la relation, l’autonomie, et la séparation avec les parents.
Jules a bénéficié de deux séjours de 4 jours qui se sont très bien passés, et il est prévu qu’il participe de nouveau à celui de cet été.


La scolarisation à l’unité d’enseignement :

C Himmi, Professeur des écoles


L’unité d’enseignement scolarise 19 des 24 enfants de l’hôpital de jour. Les emplois du temps sont réfléchis en équipe pluridisciplinaire afin de déterminer le nombre de créneaux et leur durée. Les enfants sont pris en charge en individuel ou en groupe de 2 à 4. Les créneaux durent de 35 minutes à 1h10 maximum.


Jules est arrivé en classe avec deux temps de classe la première année, puis quatre temps de classe plus un temps d’EPS la deuxième, et enfin à cela s’est rajouté cette année sa participation au projet bergerie.


En classe : Après 4 séances d’observation, Jules intègre l’unité d’enseignement. En apparence, il présente une posture d’élève, restant calmement assis à sa table.


Cependant, Jules montre que s’il vient facilement en classe, néanmoins, il choisit le matériel qu’il veut, refusant autoritairement toute proposition de l’adulte, matériel qu’il s’empresse de détourner de sa première fonction. Il entre en relation avec l’adulte sur le mode injonctif et refuse d’être félicité.


A la fin de l’année, Jules a progressé dans l’acceptation puis la mise au travail. Accepter de se tromper est insupportable pour Jules tout comme accepter l’aide de l’adulte… Cependant, son refus d’une demande frontale et sa peur de l’erreur laissent à penser que Jules n’a pas « appris » et n’a accepté de faire que ce qu’il savait ou ce qui ne le mettait pas en difficulté. Les questions qu’il pose parfois à l’adulte sont un moyen pour lui d’apprendre sans risquer.


La deuxième année, il vient le double de temps en classe suite à l’arrêt de sa scolarisation en milieu ordinaire. A la rentrée scolaire et jusqu’à la Toussaint, la relation avec moi est rompue, toute demande entraîne un refus catégorique mais serein. Aussi lui est-il proposé au retour des vacances de construire son emploi du temps de la séance de classe en choisissant entre plusieurs tâches proposées celles qui lui plaisent.


Petit à petit, il entre à nouveau dans la tâche. Il a mis en place des rituels pour pouvoir se mettre au travail, même si se tromper ou ne pas savoir semble douloureux, il commence à demander de l’aide. Différents matériels lui sont proposés afin de travailler sur l’acceptation de l’étape « je ne sais pas immédiatement » et des sentiments engendrés à tenter d’apprivoiser afin de pouvoir chercher, se tromper et recommencer sans se décourager pour accéder au plaisir d’apprendre !


Cette année, Jules respecte désormais scrupuleusement son emploi du temps, la contrainte semble acceptable et supportable. C’est une fois entré dans la tâche que Jules essaie de la réaliser comme il l’entend. Mais ceci se révèle moins catégorique et c’est lui-même qui décoince la situation. Néanmoins, Jules s’engage plus facilement dans la tâche lorsque l’adulte est près de lui. S’il lui est arrivé quelquefois de refuser une tâche, la différer permet alors à Jules de l’accepter quelques jours plus tard.


Ces trois années lui ont permis d’entrer dans le principe alphabétique et de commencer à lire des mots simples sous forme de personnage des alphas. Il commence à écrire en cursive.


En EPS : Il s’agit d’un temps d’une heure pour quatre enfants, encadrés par trois adultes (les deux enseignantes et un professeur de sport).


La première année, il lui a fallu beaucoup de temps pour pouvoir entrer dans ce qu’on lui proposait, car il éprouvait les mêmes difficultés qu’en classe. Cette année, des changements de lieu dus à des contraintes d’organisation empêchent Jules de s’investir durablement dans les activités proposées.


Le projet Bergerie : Un groupe de 4 enfants encadrés par un soignant de l’hôpital de jour et les deux enseignantes se rend 8 lundis dans l’année à la bergerie de Rambouillet. Le projet est repris chaque jeudi au sein d’un temps de classe « Eveil sensoriel » animé par les enseignantes.


Ce projet centré sur la médiation animale lui a été proposé pour travailler le fait que l’environnement ne réagit pas comme il se le représente.
Il est happé par la dimension sensorielle : stimulations tactiles et visuelles avec le vent, la paille qu’il lance, les graines qu’il manipule… Avec le temps, il commence à avoir moins peur et prend en considération davantage les animaux.


Conclusion


Jules est un petit garçon qui a bien progressé même s’il reste par moments très entravé. Il est maintenant capable de soutenir des échanges construits avec les adultes, de les interpeller. Il s’exprime beaucoup plus, son langage est le plus souvent adressé. D’ailleurs, il est agacé quand on ne le comprend pas, dans les moments où son langage se désorganise (jargon et troubles articulatoires réapparaissent). Il peut partager ses vécus internes : nous dire qu’il est triste, nous parler de ses peurs. Les stéréotypies ont diminué mais sont toujours présentes.


Après une forte période d’opposition qui a duré plusieurs mois, il peut maintenant accepter par moment de prendre en compte les éléments du monde extérieur qui ne correspondent pas à ses propres représentations. Cela lui demande beaucoup d’efforts, il semble alors lutter contre des angoisses d’effondrement. Il commence à lâcher prise et accepte la rencontre.


Lui qui à son arrivée avait très peu de contacts avec ses pairs, joue avec d’autres enfants pendant les récréations, peut même être à l’initiative des jeux. Mais c’est encore difficile pour le moment de rentrer dans un jeu proposé par un autre enfant. Il devient de plus en plus sujet. Néanmoins, le cadre doit sans cesse s’ajuster afin de lui permettre de progresser.


« La seule institution qui vaille est celle que nous constituons avec nos concepts et notre fantaisie et que nous mettons en oeuvre dans un échange signifiant avec nos patients »
J. HOCHMANN

Mise à jour le Mardi, 04 Juin 2019 13:47
 
6èmes Rencontres avril 2008 PDF Imprimer Envoyer
ROSMES94 - Les Rencontres du ROSMES94
Écrit par Administrator   
Jeudi, 03 Novembre 2011 14:05

 

Les 6èmes Rencontres du ROSMES94 le 8 avril 2008

à Gentilly


AUTISME ET PSYCHOSES

QUOI DE NEUF ?

ENJEUX AUTOUR DES ADEQUATIONS

ENTRE RECOMMANDATIONS ET PRATIQUES


Ces rencontres ont  été organisées par Mesdames Marie-Christine Charpentier et Sylvie Loichet coordinatrices du Rosmes 94 et animées par Madame le Professeur Catherine Jousselme, médecin responsable de la Fondation Vallée et du secteur de psychiatrie infanto- juvénile 6 du Val de Marne

120 personnes ont assisté à ces rencontres et représentaient une grande diversité des corps de métier du sanitaire,  médico-social, et éducation nationale.

De qui ? De quoi parle t-on ? Quand on parle d’autismes de psychoses et de troubles envahissants du développement. Qu’en est-il de ces concepts en pleine évolution ?

Qu’en est-il du dépistage, du diagnostic et des prises en charge des adolescents autistes et psychotiques ?

Comment les accompagner ?...


I. N s     Nous sommes  souvent démunis face à ces jeunes autistes qui vivent dans un monde qu’ils semblent ne pas comprendre. Nous sommes démunis et leur monde peut nous être inaccessible. Comment donc se comprendre, comment construire des ponts entre eux et nous ? Comment  leur permettre de revenir ou de venir parmi nous ?

Pour nous éclairer, nous donner quelques pistes et échanger nous avons  proposé tout au long de cet  après-midi plusieurs interventions où se sont conjuguées théories et pratiques.

 

Les intervenants:

informations : un clic sur le nom de chaque intervenant vous renvoie directement à son exposé

Depuis 2008 les fonctions et  coordonnées de plusieurs intervenants ont changé, nous avons choisi de les laisser                           apparaître telles qu'elles étaient le 8 avril 2008

1- Mme Marie Christine CHARPENTIER, médecin psychiatre: l'évolution de l’appréhension de l’autisme de la fin du 18ème siècle à nos jours.

2- Mme Lisa OUSS, médecin psychiatre au CRAIF ( Centre ressources Autisme Ile de France) :les 16 recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme.

3- M. Jacques CONSTANT, médecin psychiatre à la maison des personnes autistes de Chartres en Eure et Loir: Comment accompagner les personnes autistes vers la vie adulte

4- Mme Marie PIOGET, psychologue, Mme Sylvie HERVIN éducatrice au SESSAD «  les comètes » Créteil: Présentation du SESSAD et accompagnement d'un enfant scolarisé.

5- M. Jean Pierre THEVENOT psychiatre hospitalier ancien médecin chef des 7ème 8ème et 17ème arrondissements de Paris secteur infanto-juvénile. Enquête : Bilans et conclusions du suivi de la cohorte

 


 

1- Mme M.C. CHARPENTIER

Bref Exposé sur l’évolution de l’appréhension de l’autisme


L’Histoire des psychoses infantiles,  s’est construite au fil des ans en même temps que  l’enfant  sortait de l’indifférence dans laquelle il se trouvait.

La clinique des psychoses s’est alors développée. L’autisme est sorti de la préhistoire pour entrer dans l’histoire avec Léo Kanner (1943) et sa description de 11 cas cliniques qui mettait en évidence une impossibilité de communiquer même lorsque l’enfant a un langage, et un besoin d’isolement et d’immuabilité, et  remarquant qu’il s’agissait d’un problème inné.

En même temps qu’il décrivait ces cas cliniques Kanner  posait de lui-même un paradoxe qui allait alimenter quelques années de polémique en posant aussi l’hypothèse d’une probable difficulté relationnelle parents-enfant. L’autisme a longtemps suscité la polémique et la passion pour des raisons qui touchent à sa pathologie même étrange et angoissante.

L’évolution s’est faite vers un concept qui tend à l’unification des psychoses infantiles à travers une description en termes psychodynamiques, ou d’un fonctionnement psychique archaïque (M. Malher, Tustin, Misès)…

Dans les années 1970 émerge des classifications, internationales (CIM) et américaines (DSM) multipliant les diagnostics différentiels et intégrant l’autisme typique et les psychoses infantiles dans « les troubles envahissants du développement ».

Les découvertes en génétique et en neurologie conduisent à sortir aussi certains tableaux cliniques des TED et donc à devenir des entités(X Fragile, Syndrome d’Angelman, Syndrome de Rett).

Le syndrome d’Asperger, l’Hyperactivité vont aussi s’en détacher ainsi que le concept de dysharmonie psychotique proposé par R. Misès et repris dans la classification française (CFTMEA 1987).

Plus récemment les américains ont  décrits le  « multiplex developmental disorder » trouble qui se rapproche dans ses manifestations des  dysharmonies psychotiques françaises.

Aujourd’hui la CFTMEA se rapproche des 2 autres classifications internationales, car elle mentionne en équivalence des troubles psychotiques les TED et distingue le syndrome d’Asperger et les troubles désintégratifs de l’enfance mais conserve la notion de dysharmonie psychotique.

Tout ceci  a abouti à une définition toujours plus fine des symptômes autistiques.

L’autisme est un syndrome dont la réalité de son expression  clinique montre la relative diversité et variabilité. On reconnait un polymorphisme de l’autisme ; cependant on retrouve toujours ce qu’on appelle la triade symptomatique de l’autisme :

  • Troubles du contact et des relations sociales
  • Troubles de la communication
  • Troubles du comportement et/ou activités restreintes et/ou activités répétitives.

L’autisme est actuellement conçu comme un trouble envahissant du développement dont il est le prototype.

L’autisme et les troubles envahissants du développement  sont durables et  ont des conséquences importantes sur l’entourage familial et social, s’ils ne sont pas pris en charge précocement ils entraînent un handicap important pour l’enfant. Ils requièrent cependant une approche pluridisciplinaire pour leur compréhension, leur diagnostic et pour leur prise en charge en y incluant la famille.

Pour cela il est nécessaire que des clivages soient dépassés.

 

Mme  C. JOUSSELME : « quand on se met à parler d’autisme il faut parler de clinique sinon on ne parle pas de la même chose », elle rappelle par ailleurs l’importance de la multidisciplinarité dans notre approche de l’enfant autiste.

 


 

2- Mme L. OUSS

Les 16 recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme

Mme le Dr. Lisa Ouss, Pédopsychiatre au CRAIF a présenté les 16 recommandations pour la pratique professionnelle du diagnostic de l’autisme.

Ce document a été élaboré à la demande de la fédération française de psychiatrie en partenariat avec la Haute Autorité de Santé ou HAS. Sa promotion et sa rédaction ont été confiées au  Professeur Charles Ausilloux et au Docteur Amaria Baghdadli. Ce document passionnant a été élaboré par des professionnels reflétant toutes les sensibilités en matière d’autisme d’où  son importance. La spécificité du travail à la française y a été pris en compte. Il est consultable sur le site internet de l’HAS.

Ces recommandations portent sur le diagnostic de l’autisme infantile et des autres troubles du développement. Elles intéressent plus particulièrement les enfants et les adolescents âgés de moins de 18 ans.

A ce jour il existe 5 centres diagnostics de l’autisme sur l’ile de France. Le 5ème vient d’être inauguré à la Fondation Vallée. La responsable médicale est Mme le Docteur Sarah Bidlowsky

1- Les bases du diagnostic:

Ces recommandations comportent 16 points pour les bases du diagnostic de l’autisme

1- Le diagnostic clinique est basé sur la CIM10 et doit comporter une évaluation fonctionnelle intégrant les observations des parents. Le diagnostic de l’autisme est possible à 2 ans mais avec circonspection, il devient fiable après l’âge de 3 ans.

2- 2- Les outils du diagnostic:

2-1 : Les outils  spécifiques

2.1.1. Diagnostic

- ADI (autism diagnostic interview) questionnaire parents

- ADOS permet de relever des éléments à partir de l’observation du comportement de l’enfant

- CARS Childhood autistic rating scale qui apprécie la sévérité de l’autisme.

2.1.2 Appréciant les domaines de déveIl s’agit d’une observation clinique structurée utilisant des examens psychologiques  non spécifiques : échelle de Weschler, WPPSI, Wisc, Brunet-Lézine, Kabc et spécifiques : PEP-R (profil psycho éducatif révisé) et Vineland.

2-2 : l’examen du langage et de la communication : CSP (childhood social profile), Grille de Wetherby.

3-La procédure du diagnostic :

Il ne faut pas perdre de temps et il est nécessaire d’instaurer des liens entre les équipes en amont et en aval. Selon les centres de diagnostic, les modalités d’observation sont différentes. Il est important que le délai entre la demande et le rendu soit inférieur à 3 mois. Le diagnostic devrait être donné par le médecin aux parents  dans le mois qui suit les examens.

4 - L’information à la famille doit s’effectuer avec un seul et unique compte-rendu qui regroupe tous les examens.

5 - L’articulation entre la procédure diagnostique et la prise en charge : le lien entre l’équipe qui diagnostique et l’équipe de terrain doit être immédiat.

6 - Le repérage des maladies associées : ces maladies ou anomalies associées comme l’épilepsie précoce ne remettent pas en question le diagnostic d’autisme

7 - Les examens complémentaires : Examen de la vision et de l’audition, recherche d’anomalies génétiques (X-fragile…)

8 - Les prescriptions orientées par les investigations (EEG sieste, IRM cérébral morphologique avec spectroscopie, bilans génétiques orientés).

9 - L’articulation entre les investigations complémentaires au diagnostic ne doit pas retarder la prise en charge.

10 - Les investigations peuvent servir la recherche il est  nécessaire de demander la collaboration des parents

11- Les signes d’alerte à connaître  et à rechercher par les praticiens de 1ère ligne :

Les  inquiétudes des parents  évoquant une difficulté développementale de leur enfant doivent  être prises en compte car elles sont souvent corrélées à une anomalie effective du développement.

Il existe des signes d’alerte absolue qui doivent conduire  à demander rapidement un avis et un bilan spécialisé.

· Absence de babillage, de pointage ou autres gestes sociaux à 12 mois

· Absence de mots à 18 mois

· Absence d’association de mots non écholaliques à  24 mois

· Perte de langage ou de compétences sociales quel que soit l’âge.

12- L’intérêt du diagnostic précoce pour limiter l’errance et le stress des familles notamment la survenue de  sur handicap, permettant la prise en charge y compris des troubles associés.

13 – les instruments de dépistage systématique

La CHAT est un instrument, bien que peu sensible pour le dépistage spécifique de l’autisme est utilisé à partir de 18 mois. Il est disponible en français mais non validé en France.

14- Conditions du dépistage systématique précoce de l’autisme

Le dépistage de la communication doit porter sur plusieurs classes d’âge et est à envisager dans le cadre des examens systématiques de santé à 9, 14 et 24 mois et lors des examens de santé scolaire et déboucher sur une prise en charge précoce.

Le dépistage doit s’appuyer sur un réseau de correspondants coordonné et non saturé impliquant les médecins généralistes de PMI, de santé scolaire, les pédiatres, les CAMSP, les services de psychiatrie infanto-juvénile…. et sa faisabilité implique la formation initiale et continue de l’ensemble des professionnels de la petite enfance.

15- Actions à entreprendre pour favoriser  l’orientation diagnostique précoce.

Sensibiliser tous les professionnels aux problématiques de développement

Développer la formation des médecins à l’information et à l’annonce aux parents d’un diagnostic de TED ou d’autisme.

Faciliter les passages entre  les niveaux des réseaux du dépistage au diagnostic vers les équipes spécialisées et diminuer les délais d’attente.

16- L’information aux parents et au grand public.

Informer les parents sur les signes les plus communs, sur la diversité des évolutions, sur les ressources communautaires, les prises en charge et orientations.

On peut souligner l’intérêt des campagnes grand public avec l’information via internet. Informer le grand public sur les étapes du développement social du bébé et du jeune enfant, sur l’importance des observations et du ressenti des parents et l’intérêt d’en faire part à un praticien.

Conclusion :

Le document concernant les recommandations des pratiques professionnelles pour le diagnostic de l’autisme est l’aboutissement d’une démarche consensuelle et rigoureuse  sur un sujet difficile et  passionné qui a cependant  fait l’unanimité des professionnels. Il prévoit les liens respectifs entre procédure et suivi. Il donne des repères cliniques nombreux précis et facile à lire, sous forme de tableau très clair. Il est accordé une  grande part aux familles dans leur prise en compte pour le diagnostic. Il met à disposition des outils et des coordonnées.

Il est nécessaire de rappeler le décalage important entre l’inquiétude des parents et le diagnostic formel. 4 ans… 3 à 4 consultations  avec différents professionnels ceci ne devrait plus exister

Pas de diagnostic avant 2 ans mais des signes d’alertes dés la première année dont tout professionnel doit tenir compte

Pour le futur il est important que ce document soir diffuser très largement avec l’aide des gens de terrain.

Les grandes lignes de procédure doivent être respectées ainsi que l’information et la formation de manière à remédier à la carence de formation des professionnels dans ce domaine. On constate sur le terrain le manque de formation des professionnels dans les CMP, tant au niveau du diagnostic que des prises en charge proposées qui sont peu adaptées et univoques, l’éducatif étant trop souvent laissé de côté.

Le CRAIF propose régulièrement des sessions d’informations gratuites à Paris à destination des professionnels  et des familles sur les différentes modalités de prise en charge de l’autisme

Il faut favoriser la recherche pour cela les gens de terrain doivent être des relais

Ces recommandations ne sont pas une utopie mais un réel projet qui doit être largement connu des professionnels dans l’intérêt des enfants et des familles.

 

 


 

3- M. J. Constant

Comment accompagner les personnes autistes vers la vie adulte ?


Monsieur Jacques Constant Président de la société Française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.

«  Il est l’un des premiers à avoir fait  un grand écart extraordinaire entre le psycho-dynamisme et l’introduction du Teacch  dans cet hôpital de jour dont il fut chef de service » C. Jousselme

Il  est actuellement  psychiatre à la maison des personnes autistes d’Eure et Loir située à Chartres

Cette structure se compose d’un service d’accompagnement de jour ou SAJ et d’un SESSAD pour les 14-24 ans. La maison des personnes autistes a pour mission de réévaluer les ressources du jeune et de sa famille.

C’est en quelque sorte un laboratoire d’accompagnement sur mesure qui travaille en lien avec les institutions du réseau local dans  lesquelles la plupart d’entre eux sont déjà. Nous  veillons à exporter dans le réseau et à ajuster au mieux possible ce qui a été observé du comportement et des possibilités du jeune en tenant compte de ce que peuvent faire les collègues avec leurs  contraintes locales (1 pour 1 au SAJ et 1 pour 4 en institution).

L’objectif  est d’améliorer la vie de ces personnes en faisant évoluer les professionnels vers une culture d’accompagnement des personnes autistes, afin d’éviter les passages qui se font encore trop souvent dans des conditions brutales.

Le Docteur CONSTANT a édité un DVD intitulé « Le Permis de se conduire en Pays Autiste » qui est diffusé par l’association de parents Pro-Aid Autisme ( Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. ). Il a repris les principaux thèmes de ce DVD dans l’exposé suivant.

 

1-La Métaphore du Pays Autiste :

La métaphore du pays autiste est un invariant sémiologique de sémiologie relationnelle. On a coutume de dire, «  Il est dans son monde et ce n’est pas le mien »,  et c’est  ce rapport personne autiste et non autiste qui va poser problème. Le pays autiste est virtuel, et les  dyscommunicants qui l’habitent  fascinent le monde réel des non autistes.

Les personnes autistes, ces «  habitants droit du sol » sont à la fois tous semblables par leurs mœurs et leurs conduites liées aux mécanismes autistiques (des sensations, des perceptions, et un mode de traitement de l’information  de leur environnement très spécifiques)  et ceci probablement  de façon innée ou très précoce dans leur développement mais aussi tous différents par leur personne dans la mesure  où chacune a un niveau de développement différent, une histoire familiale et un contexte social qui lui est propre.

Leurs parents sont des «  binationaux » obligés à plein-temps, les professionnels y sont des travailleurs immigrés,  quelques heures par semaine seulement.

Depuis quelques temps on voit de plus en plus apparaître des témoignages de personnes autistes de haut niveau, qui disent comment elles pensent et comment elles sentent les choses. Dans son livre « Le bizarre incident du chien  pendant la nuit » Mark Haddon, ancien éducateur anglais, devenu écrivain, propose  un roman policier écrit par un autiste de haut niveau  qui décrit comment il perçoit le monde et comment ses parents y transitent ou tentent de s’y adapter.

 

2-Quels rapports entre pays autiste et pays réel ?

- La Rencontre et la notion d’accompagnement

La grande difficulté entre le pays autiste et le pays réel c’est la rencontre entre les personnes autistes et non autistes : Qui  est le plus handicapé des deux ?

La personne autiste est réellement handicapée… Cependant la  personne non autiste est tout aussi handicapée dans son rôle social quand elle est en présence d’un autiste… l’enseignant quand il n’arrive pas à faire apprendre , le médecin quand il ne peut « théraper »,et l’éducateur qui  n’arrive pas à transmettre des valeurs de relations sociales.

Pour dépasser nos handicaps on a besoin d’hypothèses ce dont les personnes autistes se passent tout à fait. Ainsi nous pouvons penser que ce que nous expliquent les personnes autistes de haut niveau soit applicable aux bas niveaux

Ces témoignages insistent sur les différences de perception, de sensorialité, le primat du logico-cognitif sur le psycho-affectif et puis la notion d’un rapport visuel pour extraire les informations de l’environnement plutôt qu’un rapport langagier.

Nous sommes donc invités à une révolution culturelle où nous ne sommes plus en position de soigner, d’aider des handicapés. Nous sommes dans une rencontre entre deux façons d’être- au -monde, nécessitant un effort de modification de nos représentations. Nous devons reprendre tous nos idéaux,  professionnels par rapport à un deuil de notre rôle social de « guérisseur » que nous ne parvenons pas à tenir, comme les parents ont à reprendre leurs idéaux de parents par rapport au  deuil d’un enfant qui n’arrive pas. On est exactement en équilibre avec les parents dans la difficulté.

A partir du moment où on se met dans cette position qui représente une révolution, la rencontre est bénéfique au deux, personnes autistes et non-autistes.

C’est un pays ou les codes sociaux ne sont pas les même que les nôtres, à ce propos une anecdote

Jim Sinclair autiste de haut niveau a organisé le premier congrès entre personnes autistes sur le campus d’une université américaine. Chacun devait amener sa tente et il avait retenu une salle pour la conférence. Ils n’en ont pas eu besoin, personne n’est sorti de sa tente, ils ont communiqué par internet d’une tente à l’autre.

Notre travail d’accompagnement est en fait double. Il faut amener la personne autiste vers plus d’autonomie dans notre monde, en lui expliquant le monde réel tel qu’il est, en étant le décodeur social qui lui permet de dire les choses… , et accompagner les personnes non autistes en leur expliquant le pays autiste.

 

3- Le code de la route pour voyager en pays autiste

Pour voyager en pays autiste. Il faut avant le départ vérifier les niveaux :

Vérifier l’intensité du degré d’autisme, avec la CARS très simple à utiliser, sous forme de questionnaire  à faire passer aux parents et à l’équipe de  l’institution où est le jeune.  

L’ADI  auprès des parents et dans l’institution où est le jeune ; pour apprécier la sévérité de l’autisme.

Vérifier le niveau de développement avec le PEP-R, l’AAPEP, ou l’évaluation fonctionnelle interactive (EFI) pratiquée en Belgique pour les bas niveaux.

La CARS et l’ADI donnent un diagnostic, ceux-ci  n’ont  pas un intérêt majeur pour  la pratique de  la prise en charge. Pour évaluer les ressources et envisager la prise en charge, nous utilisons le PEP-R ou l’EFI, bases sur lesquelles on va pouvoir construire un projet. Il nous faut environ 6 mois pour faire l’ensemble de ces tests et s’assurer que tout le monde est d’accord sur le type de difficulté qui va durer toujours. La cassette de la vidéo de la passation du PEP-R est remise à la famille qui en prend connaissance afin que nous puissions discuter ensemble des exercices à faire d’après les émergences repérées, mais toujours sur ordonnance parentale. Le PEP-R est un outil très intéressant qui ne devrait pas seulement être utilisé par les psychologues mais aussi par les éducateurs.

Plus la personne est déficitaire, plus l’environnement doit s’adapter, plus l’enfant est autiste plus l’environnement doit être « pré- vu » (structuré et contenant).

Lorsque « l’on prend la route » avec la personne autiste : Il faut rester vigilant, ne pas oublier les panneaux ou les difficultés repérées sinon la sortie de route est garantie et des troubles du comportement encore plus importants apparaîtront. Il ne s’agit pas de faire pareil pour tout le monde mais il faut respecter certaines règles.

Une personne autiste plus une personne non autiste forment un duo qui vire très vite au duel

  • Conduire seul  est interdit, enseigner seul est interdit, dans l’école l’AVS est une nécessité ainsi que travailler en équipe et à l’aide d’outils. Nous devons être en conduite accompagnée car  une personne autiste ne peut se conduire toute seule dans notre monde. L’accompagnant va être le décodeur du code social.
  • Il faut certes avoir la compréhension des mécanismes de la déficience, mais aussi chercher à les compenser
  • Pour compenser la déficience dans la perception des indices sociaux l’environnement doit être le plus pré-visible possible. Concrètement, dans la structure SAJ  tout est badgé, avec des photos sur les portes les personnes sont aussi badgées…Cette structuration difficile à faire, demande un effort institutionnel considérable  qui va à l’encontre de notre façon de penser, de notre spontanéité naturelle, … Cela atténue les comportements difficiles, cela ne les supprime pas mais nous rend et leur rend la vie plus facile.

Je ne propose pas une méthode , mais plutôt une philosophie de position, position prise en fonction de leur façon de penser, de concevoir le monde, pour aller là où se situe leur mode de compréhension et en respectant leur vitesse d’acquisition. Il faut décrypter leur logique.

Il est nécessaire de travailler par petites étapes avec des objectifs modestes mais  réalisables.  Il faut découper en séquence, en fonction de chaque sujet.

Les échanges avec les parents binationaux à plein temps doivent être fréquents et d’autant plus prioritaires que leur enfant ne peut pas s’exprimer…Les parents mettent en place des stratégies dont nous devons tenir compte …

Il faut dire stop aux interprétations abusives du style «  Il nous provoque…il le fait exprès… » Au lieu de dire « Pourquoi il ne veut pas » il est plus heuristique de dire « Comment il va pouvoir » et pour cela trouver une médiation qui tiendra compte de ses mécanismes et de son niveau de développement. Ce qui n’est pas dans notre façon de faire habituelle. Il s’agit peut-être d’une panne de démarrage pour laquelle nos interprétations sont inopérantes alors qu’une petite  astuce*permettrait de résoudre le problème

Le langage articulé n’est pas leur canal  principal de communication, il est préférable  de passer  par des méthodes  alternatives telles que  la communication visuelle gestuelle, il faut chercher le meilleur outil possible : le PECS, le Makaton, la synthèse vocale…  Il s’agit de compenser la déficience en langage.

Si il y a un point sur lequel on peut progresser c’est sur la communication bien plus que sur les interactions sociales et quand on progresse sur ce plan on a un effet de diminution sur des comportements gênants.

Face à des situations de troubles  des conduites il faut compenser la déficience de planification de l’action et rentrer dans une habitude professionnelle de constante réévaluation de son travail jusqu’à ce que cela devienne une culture d’établissement. Il est nécessaire d’analyser ce qui s’est passé, d’émettre des hypothèses, et de réévaluer les exercices que l’on propose…


Il faut Choisir les routes prioritaires et donner la priorité, à l’autonomie plutôt qu’à la performance, à l’apprentissage séquentiel perpétuellement réévalué et à l’environnement pré-visible. La sortie de route nous guette si nos objectifs sont trop grandioses, il faut alors réévaluer à la baisse,

Si on oublie les mécanismes autistiques, si on oublie leur niveau de développement et modification insuffisante de la position de l’accompagnant. Si toutes les bonnes conditions sont réunies, si vous n’avez pas perdu de points en route, vous aurez le permis de se conduire en pays autiste.

 

Mme le Professeur C. JOUSSELME: Une des difficultés actuelles dans le travail avec les enfants autistes est sans doute de parvenir à transformer un idéal psychanalytique absolu en terme de guérison, en idéaux du moi plus atteignables, qui prennent en compte les paramètres à la fois émotionnels, cognitifs, neurobiologiques et environnementaux du sujet et de sa famille.

Il faut vite se sortir de l'idée qu'on peut uniquement en référence à un travail psychanalytique guérir l'autisme, mais également, ne pas s'enfermer dans celle qui consisterait à segmenter la vie des patients à l'infini, par des méthodes uniquement comportementales, en pensant qu'ils vont vivre comme tout le monde. Le seul moyen est sans doute d'articuler les deux approches pour mieux comprendre le fonctionnement global de ces patients.


 

Mme M.PIOGET, Mme S. HERVIN

◊ Présentation du SESSAD "les Comètes"

 

Le SESSAD les comètes est situé à Créteil. Il prend en charge des enfants présentant des troubles envahissant du développement et autistes âgés de 3 ans et demi à 8/10ans. La prise en charge s’effectue au  domicile, au SESSAD et sur leurs différents lieux de vie, à l’école pour ceux qui sont en intégration scolaire et dans les centres de loisirs s’il y a besoin d’un accompagnement pour aider à leur intégration.

Dans un premier temps il est pratiqué un bilan pluridisciplinaire pour évaluer les capacités de l’enfant et son niveau de développement et leur proposer la prise en charge personnalisée la plus adaptée possible. Celle-ci peut se faire en individuel au SESSAD ou à domicile, ou bien en petits groupes en binôme de professionnels en utilisant différents médiateurs :

Atelier : sur la sensorialité, de motricité fine, d’habiletés sociales, d’expériences scientifiques, de psychomotricité à la piscine et au poney.

En parallèle il est proposé un accompagnement pour les familles (groupe de paroles pour les parents, groupe de discussion pour les frères et sœurs).

Un certain nombre d’enfants sont scolarisés, en milieu scolaire ordinaire, en maternelle, en CLIS ou en UPI.


◊ A propos de l’accompagnement d’un enfant scolarisé


R. 4 ans et demi a été adressé au SESSAD par un service hospitalier où le diagnostic d’autisme a été fait. A son arrivée  la prise en charge a débuté par une observation éducative de R.  à domicile et dans les locaux du SESSAD. Elle consiste en une prise de contact  mutuelle et permet de repérer les habitudes, les centres d’intérêts, et  les difficultés et particularités comportementales. De son côté l’enfant a fait lui-même son observation des comportements et mimiques de  l’éducatrice qui sera sa référente.

Cette observation est un complément à la mise en place du projet éducatif individualisé(PEI).

Chaque enfant a son programme qui découle du PEI .Mme Hervin intervient auprès de R. dans les locaux du SESSAD en individuel en groupe et à l’école.

R. est dans le groupe sensorialité, atelier dans lequel il apprend à utiliser de façon fonctionnelle et adéquate ses différents sens. Au bout de quelques mois R.est parvenu à manipuler  les objets en les touchant sans être obligé de passer par sa bouche comme il le faisait auparavant. Cet acquis facilite sa socialisation et l’entrée dans les apprentissages. Il peut montrer qu’il y a trouvé un intérêt .

R. participe aussi à un groupe poney avec une psychomotricienne et l’éducatrice qui est son repère permanent, visuel et physique.

R. a des prises en charge individualisées à l’école au SESSAD et à domicile. Il s’agit d’aider l’enfant à rentrer dans de nouveaux apprentissages, apprendre à rentrer en communication en relation de la manière la plus adaptée possible et la plus facile pour lui dans l’instant présent  avec les moyens qui sont les siens en tenant compte de sa fatigabilité. Lui laisser le temps de trouver une voie d’accès possible vers les apprentissages un peu plus académiques.

Les séances individuelles permettent de mettre en place un support visuel, pour compenser le déficit de communication. Les supports sont variables, ce sont des photos ou images d’objets que l’enfant a l’habitude de convoiter dans son environnement, ils permettent de construire par exemple un emploi du temps de séance, de phases de travail… Pour introduire l’activité concernant le travail de  La poursuite oculaire à l’aide de bulles de savon  que l’enfant apprend à suivre on lui présente une photo de l’appareil à bulles. Les photos de petit format sont fixées sur une bande velcro qui est présentée à la lecture de l’enfant à plat ou en vertical en fonction de sa compétence repérée  du moment, dans le cas de R c’est à plat.. Il faut toujours adapter le matériel proposé à l’enfant en tenant compte de ses particularités quant à la perception des distances, des volumes variables d’un enfant à l’autre. L’objectif est les faire évoluer vers des choses plus fonctionnelles, plus pratiques et d’aboutir à la généralisation, c'est-à-dire la possibilité de reproduire l’action dans un autre contexte.

Les séances de groupe permettent à R d’imiter un autre enfant, ce qui peut conduire à une ébauche d’interactions.

La scolarité a été proposée à R sur des temps très courts, deux heures trente deux  fois par semaine, ici l’éducatrice joue le rôle d’AVS, car l’équipe avait formulée des craintes à l’encontre de cette scolarisation ce qui avait angoissé la famille.  L’éducatrice est apparue  comme « une valeur sure » aux yeux des parents et de l’école. En effet R a un contact rare et fluctuant, une perception variable et particulière de son environnement, il peut être hermétique et hyporéactif, a parfois des réactions inquiétantes qui peuvent être liées à très peu de choses comme un bruit, une couleur… « il faut avoir des yeux pour R, des oreilles mais on ne peut se mettre à sa place », il faut donc sans cesse faire de nouvelles tentatives, pour trouver ce qui l’a gêné.

L’éducatrice va faciliter l’intégration progressive de R. dans cette classe où se trouve déjà  d’une enseignante, une ATSEM. R. semble se sentir bien dans la classe, il montre  un début de  sourire social, un sourire réponse, grâce au repérage visuel, il vient de  plus en plus  spontanément avec les autres pendant le temps de regroupement, imite la maitresse lorsqu’elle chante des chansons à gestes et rit.

L’éducatrice a pour  rôle de transmission d’informations et d’outils. En classe on a mis en place un emploi du temps de la matinée avec des photos, ceci ne stigmatise pas R puisque les autres enfants peuvent aussi  l’utiliser,

Un petit carnet avec des photos de lieux a été réalisé, il s’agit d’un album photo que l’enfant garde avec lui. Ainsi lorsqu’il se trouve dans un lieu autre que la classe, le préau par exemple, il est possible de lui montrer l’endroit où va se passer l’activité suivante au lieu de retourner consulter l’emploi du temps en classe. Ce repérage doit se faire à l’instant présent et être très spécifique, c'est-à-dire tenant compte de ce qu’il peut reconnaître et qui le rassure. Cela permet d’anticiper.  L’objectif aussi est de l’aider à généraliser  les actions dans d’autres lieux. R n’accepte actuellement de se rendre dans les sanitaires qu’à la condition d’aller sur la même cuvette de WC, la photo permet d’anticiper cette action mais aussi de pouvoir aller dans des sanitaires  dans un autre endroit, c'est-à-dire de généraliser. Nous devons avoir en tête l’idée que l’enfant ne vivra pas toujours dans le même lieu, il faut lui permettre d ‘être le plus épanoui possible pour qu’il puisse s’adapter dans un autre lieu.

L’intérêt de cette présence en classe, c’est que l’éducatrice puisse partir tout en douceur et passe le  relais par la suite à une AVS. De même que l’enseignante doit pouvoir utiliser les outils sans la présence de l’éducatrice.

Mme le Professeur C. JOUSSELME: Pour aider les patients autistes, il faut sans doute pouvoir s'identifier à eux au quotidien le plus possible. Cela est difficile pour les soignants , car il faut faire feu de tout bois, être créatif en permanence. ce travail est parfois épuisant, et c'est pourquoi, il est particulièrement important qu'un travail institutionnel soutienne les équipes. la formation est aussi essentielle pour parvenir à ne pas être englouti par le fonctionnement autistique. Parler dans l'équipe de ses ressentis, se permettre d'évoquer ses difficultés restent tout à fait incontournable pour mieux aborder la thérapeutique de ce type de pathologie.



M. J.P. THEVENOT

Enquête : Bilans et conclusions du suivi de la cohorte

Le Dr. J.P.Thévenot a été responsable d’une vaste enquête de suivi de cohorte en Ile de France qui a regardé comment en quelques années évoluait le trajet de certains patients autistes ou présentant des  troubles apparentés.

Le point de départ  de cette enquête s’appuie sur  la réalité du terrain : pas suffisamment de places dans les institutions par rapport aux besoins qui s’expriment ! Cependant il ne suffit pas de créer des places pour que tout soit réglé.

Ainsi il a été posé une autre hypothèse qui est la suivante : Peut-on mettre en évidence les facteurs qui facilitent ou empêchent l’admission dans une institution à partir d’un suivi suffisamment long d’un nombre d’enfants suffisamment nombreux.

Comment définir la cohorte : l’étude a retenu l’autisme « typique  ou atypiques » et les psychoses dysharmoniques,  pour une population d’enfants déjà pris en charge en institution ou en instance de l’être.

Cette étude a rencontré des obstacles liés aux craintes des collègues psychiatres :

Est-il possible de  proposer à une famille d’intégrer son enfant à une enquête sur l’autisme alors que le mot  n’a jamais été prononcé ?

Proposer une enquête longitudinale dans une perspective de recherche ne risquait t-il pas de perturber, gêner  le contact avec la famille ? Ou à contrario pouvait-il le faciliter ?

◊ Les critères d’inclusion :

Enfants nés en 89, 90,91

Domiciliés en Ile de France

Répondant soit à un diagnostic de la classe 1 de la CFTMEA, soit à la catégorie F84 de la CIM10

« Cependant les modalités selon lesquelles étaient posées le diagnostic faisant appel pour chaque enfant à un quotateur différent, ont bien fait apparaître le caractère subjectif qui infiltre la procédure d’élaboration du diagnostic qui devait être formulé en clair »

Les réponses à l’enquête montrent que l’emploi des outils diagnostiques spécifiques à l’autisme n’est pas d’un usage courant. Certaines confusions ont même été faites entre outil diagnostique et bilan de compétences. Il a été mis aussi en évidence le caractère non figé du diagnostic, les tableaux cliniques pouvant se modifier au fil du temps et sous l’effet des actions soignantes et éducatives.

Cette enquête s’adressant aux enfants pris en charge  en institution ou en instance de l’être ne pouvait pas permettre de donner des informations quant à la prévalence de l’autisme au niveau régional. Ce n’était pas son but puisqu’elle ne relevait pas d’une enquête en population générale. L’objectif assigné était de mieux connaître les réponses institutionnelles aux besoins d’accueil des enfants d’une certaine tranche d’âge et porteurs de troubles avérés.

La répartition des diagnostics était la suivante : autismes  45% , dysharmonies psychotiques 20%, psychoses délirantes , schizophrénies infantiles ou autres 35%.

493 dossiers ont été traités, renseignés sur les plan diagnostiques, anamnestiques, socio-démographiques et handicaps. Dans cette étude, aucune donnée anamnestique, socio-démographique ou nosographique n’apparaît être un facteur déterminant dans l’orientation des enfants vers tel type de prise en charge.

◊ L’effet filière :

L’étude montre que lorsque les enfants changent d’institution, ils restent majoritairement dans la même filière (sanitaire vers sanitaire, médico-éducatif vers médico-éducatif).

Le diagnostic ne joue pas dans la capacité d’un enfant à être pris en charge dans une institution. Par contre un élément majoritairement déterminant est le niveau du handicap. Pour cela a été utilisé la classification internationale du handicap en catégorisant le niveau d’incapacité de 0 à 5 (incapacités lourdes ou légères).

Une réalité dure : Globalement les enfants qui n’ont aucune prise en charge sont ceux qui ont des niveaux d’incapacités plus graves que ceux qui bénéficient d’une prise en charge.

Quand il y a un changement d’institution l’accord est donné plus facilement à un enfant qui a un niveau d’incapacité plus léger que plus lourd.

Situations à dénoncer : On a délimité des prises en charge insuffisantes ou limitées

  • Pas de scolarité
  • Pas de prise en charge institutionnelle
  • Un suivi ambulatoire (orthophonie, psychothérapie…..en CMP ou en libéral) égal ou inférieur à une fois par semaine.

A un moment ou à un autre de l’étude 20% des enfants se sont retrouvés dans cette situation de prise en charge insuffisante. C’était dans tous les cas des enfants avec une incapacité lourde.

◊ Conclusion :

Sur quoi peut-on déboucher ?

Partir du bilan des incapacités, c’est prendre un risque, c’est revenir à une pratique d’il y a 50 ans avec une approche purement symptomatique telle qu’elle était avant que ne s’élabore les bases conceptuelles de la psychiatrie infantile.

Les orientations éducatives et soignantes ne peuvent se faire sur des symptômes, il faut toujours qu’il y ait un travail de réflexion, d’élaboration du diagnostic s’appuyant sur la compréhension psychopathologique du développement mental des enfants et des adolescents. Cette phase d’élaboration du diagnostic est indispensable pour penser un projet de soin incluant les dispositifs soignants tant thérapeutiques qu’éducatifs, tant individuels qu’institutionnels. Si on veut qu’un enfant soit admis Il faut que l’institution puisse répondre à  la gravité du handicap.

On ne peut faire l’économie d’aucun de ces 2 plans d’approches de l’enfant, la réflexion diagnostique en terme de fonctionnement psychopathologique d’une part, le réflexion en terme de compétences et d’incapacités d’autre part.

L’enquête peut se révéler décevante car elle n’a pas trouvé un élément qui permettrait de dire « voilà où est le mal ». Cependant ce projet a objectivé une situation,  le blocage lié à la sévérité du handicap. A l’évidence la création de places lors de ces dernières années a constitué une réponse opérante à une situation de pénurie ; mais poser le problème en terme quantitatif entraîne obligatoirement un point de vue qualitatif. En effet l’échec d’une demande d’admission s’accompagne du commentaire suivant  « l’établissement n’est pas équipé pour ce cas ». Il faut apporter des propositions pour sortir de cette situation

Si on veut bien tenir compte de la variété et du polymorphisme des tableaux cliniques, du caractère non figé du diagnostic et de l’extrême dispersion des parcours inter institutionnels, en effet on  retrouve ces enfants autistes  ou ayant une dysharmonie psychotique  dans toutes les institutions et venant de partout , il est souhaitable que les projets d’établissements soient ouverts à des situations diversifiées. Ceci suppose que ces mêmes établissements disposent de moyens matériels conséquents et surtout soient animés par des équipes nombreuses et constituées de personnel qualifié ouvert aux différentes disciplines concernées par le soin aux enfants porteurs de troubles autistiques apparentés. C’est l’inertie actuelle de l’évolution de  nos capacités de prise en charge qui est à prendre en considération.


Mme le Professeur C. JOUSSELME: Cette enquête montre bien l'importance fondamantale pour traiter les enfants autistes, de pouvoir disposer de personnel en nombre suffisant, avec des formations suffisantes. on voit par ailleurs que le nombre de places est insuffisant, les moyens également dans les prises en charge elles mêmes. L'enjeu est un enjeu de santé publique, reconnu dans les derniers discours du ministre de la santé.

Le réseau permet, par ailleurs de mieux travailler autour de ces cas lourds, en établissant des relais, des ponts, pour garantir la continuité des soins.


M.C. CHARPENTIER et S. LOICHET


Mise à jour le Mardi, 30 Septembre 2014 15:35
 
les 8èmes Rencontres 2010 du ROSMES94 PDF Imprimer Envoyer
ROSMES94 - Les Rencontres du ROSMES94
Écrit par Administrator   
Mardi, 27 Septembre 2011 16:17

 

Résumé des 8èmes Rencontres du ROSMES94

ayant eu lieu le Mardi 1er Juin 2010 à CACHAN(94)

Le parcours des 15-25 ans entre le sanitaire, le médico-social

et l’éducation nationale

Comment faire évoluer nos accompagnements et nos propositions pour que leur projet de vie ne soit pas figé ?

Qui accueille, qui accompagne?

Quelles offres, pour quelles demandes ?

L’objectif : Susciter des échanges entre les professionnels des établissements recevant des enfants (Hdj, IMPRO, IME, écoles et collèges) et ceux accueillant des adultes, en privilégiant la tranche d’âge de 15 à 25 ans.

Pour construire cette journée nous avons rencontré différentes équipes intervenant auprès des 15/25 ans qui préparent et accompagnent chacune à leur niveau de compétences l’entrée de ces jeunes dans la vie sociale et professionnelle.

Cet article présente une synthèse de chacune des interventions et des échanges.

Les intervenants

Mme L’ALLINEC : Enseignante UPI du lycée du Val de Bièvre, Gentilly,

Mme TRECOURT: Responsable MDPH enfant duVal de Marne,

M. MORAEL, Psychologue, Mme GOUIT, Mme AUBRY éducatrices de l’inter unité jeunes majeurs de l’ IME L. le Guillant Villejuif,

Mme LEFEUVRE et l’équipe du Service d’insertion de Sceaux APEI SUD 92,

Mr le Dr RAMOS Psychiatre intervenant auprès des adultes autistes, CMP Villejuif,

Mme PRIEUR-HACINE: MDPH Paris Pôle 15-25,

M.CAZALET et M. GALLARDO: ESAT ETAI . service Etape, Villejuif

Mme BALDE,Mr DUBRESSON: Représentants UNAFAM 94

 

- PRESENTATION DES INTERVENTIONS -


I -  Mme Anne Yvonne L’ALLINEC enseignante spécialisée au lycée professionnel du Val de Bièvre à Gentilly, coordinatrice de l’Unité Pédagogique d’intégration

(ULIS ou Unité Localisée d’Inclusion Scolaire à partir de septembre 2010)


L’UPI lycée ou unité pédagogique d’intégration pour des jeunes présentant des troubles des fonctions cognitives reçoit actuellement 12 élèves de 16 à 20 ans.

C’est un dispositif de petite taille où l’élève bénéficie d’un suivi individualisé « On fait du sur mesure ».

Les emplois du temps sont panachés différemment en fonction des compétences et des besoins des élèves.

L’objectif de ce dispositif est d’intégrer les élèves avec les autres jeunes du lycée dans des classes de formation au CAP. Ainsi l’élève est un lycéen à part entière et non un « UPI ».

L’enseignante spécialisée est référente de chaque élève pendant sa scolarité, elle fait le lien avec l’équipe enseignante, elle reçoit et accompagne individuellement les élèves.

Une formation au métier du pressing est proposée aux élèves d’UPI. A partir de la rentrée scolaire 2010-2011 ils auront la possibilité de se former au CAP d’agent technique en milieu familial, ceci afin d’éviter que la filière pressing soit uniquement celle des lycéens affectés par la MDPH.

L’accès à plusieurs formations stigmatise moins les jeunes qui vivent douloureusement la notion de « Handicapé ». Il leur est alors possible de dire « Je ne suis pas handicapé, j’ai un handicap ».

Cet accès possible à d’autres formations a nécessité que le regard de l’équipe enseignante sur ces jeunes se modifie car elle s’en faisait une représentation « plutôt négative ».

La formation pressing est une formation transversale faisant appel à des compétences techniques (repassage, nettoyage du linge) mais aussi à des aptitudes organisationnelles et relationnelles pour l’accueil des clients. Cette classe fonctionne comme une petite entreprise.

Souvent les jeunes n’ont pas idée du métier qu’ils souhaiteraient faire. Parfois leurs aspirations sont totalement irréalistes. Il leur est laissé le temps de construire un projet professionnel. Un recul de 2 ans permet de mieux évaluer leurs compétences. Eux-mêmes deviennent plus réalistes et il est alors possible de les aider à envisager un métier sinon des champs professionnels possibles.

Certains jeunes font des stages en milieu ordinaire, d’autres en ESAT. Il a été développé un partenariat avec la mairie de Gentilly pour les lycéens les plus fragiles, car il s’agit d’un lieu d’accueil où les salariés ont été préparés à recevoir avec moins d’appréhension les élèves qui de par leur pathologie ou difficultés pourraient présenter des réactions particulières.

Les élèves sont présentés au CAP seulement s’ils ont des chances de l’acquérir. Lorsqu’ils n’ont pas la totalité de leur CAP ils peuvent désormais obtenir une attestation d’aptitudes qui reconnait leurs compétences.( Pour exemple un élève en difficulté sur le plan moteur pour exécuter une tâche mais ayant par ailleurs un bon contact avec la clientèle pourra trouver un emploi comme agent dans le secteur tertiaire).

Le lycée travaille aussi avec la fondation Vallée, dont certains jeunes sont venus en stage.

« Pour mener à bien notre tâche nous devons être utopistes, optimistes et réalistes ».



II - Mme Françoise TRECOURT Responsable MDPH enfant du Val de Marne

Les UPI/ULIS dans le Val de Marne


En 1995 les premières UPI concernaient uniquement le handicap mental. Dans le Val de Marne, il y avait seulement 2 structures de collège qui accueillaient des enfants trisomiques.

En 2001 le champ des UPI s’est ouvert à tous les handicaps. - UPI 1, 2,3 et 4 ont été créées:

- UPI 1 troubles importants des fonctions cognitives

- UPI 2 pour le handicap auditif,

- UPI 3 pour le handicap visuel

- UPI 4 pour le handicap moteur.

Les UPI 1 dans le Val de Marne accueillaient plutôt pour les unes des élèves présentant une déficience intellectuelle tandis que les autres se destinaient davantage aux enfants et adolescents présentant des troubles psychiques. Ceci tend à disparaître sachant que la volonté des textes est celle d’un dispositif avec des temps d’intégration important dans les classes ordinaires, il s’agit de projets très individualisés et non pas d’une classe qui regroupe en permanence des élèves..

Sur le Val de Marne il existe actuellement 27 UPI :

19 UPI 1 destinées aux troubles cognitifs, (17 collèges, 2 lycée situés à Gentilly et Nogent)

2 UPI pour la déficience auditive (1 en collège et 1 en lycée),

1 UPI pour la déficience visuelle en collège,

4 UPI pour le handicap moteur (2 en collège 2 en lycée),

1 UPI spécifique pour les troubles du langage (les élèves dyslexiques, dysorthographiques, dysphasiques)

En 2010/11 il y aura 4 UPI 1 supplémentaires à Boissy, à Vitry au collège Jules Vallès, à Villejuif au collège Guy Moquet et à Alfortville au collège Paul Langevin. Une troisième UPI lycée est en prévision.

La MDPH travaille en lien avec l’éducation nationale et lui signale les besoins supplémentaires en classes spécialisées. Il en est de même auprès des DDASS et maintenant des ARS. Par exemple en 2008 l’IME  Armonia  a ouvert suite au constat du manque de structure pour enfants présentant un autisme.


 


III- L’Inter-Unité de Jeunes Majeurs ou IUJM de l’IME Louis le Guillant présentée par

Mme Nathalie AUBRY, Mme Isabelle GOUIT éducatrices spécialisées et Mr Julien MORAËL psychologue.


L’IMPRO accueille environ 60 jeunes âgés de 14 à 20 ans, répartis sur 3 unités selon leur niveau de difficultés. L’IMPRO 1 pour les plus scolarisés, l’IMPRO 2 pour ceux qui ont quelques heures de scolarité et davantage d’ateliers éducatifs, l’IMPRO 3 pour les jeunes les plus en difficultés n’ayant pas accès aux apprentissages scolaires. Chaque année il y a entre 25 à 35 jeunes majeurs. L’IUJM réunit les jeunes des 3 unités.

III-1- Le fonctionnement :

L’Espace majeurs est un lieu où les jeunes majeurs, viennent à des moments précis de leur emploi du temps et sont reçus par un éducateur. Ils sont invités à participer à des activités et des projets tournés vers l’extérieur, les loisirs et la citoyenneté (sorties, démarches administratives, engagements associatifs..).

L’Espace majeur est ouvert plusieurs fois par semaine dans les horaires d’externat et chaque lundi de 16h30 à 19h. Une fois par mois des sorties en nocturne sont organisées avec une inscription préalable et une participation financière demandée au jeune ou/et à sa famille.

Deux week-ends et un séjour d’une semaine (10 jeunes) destinés aux jeunes majeurs sont organisés chaque année.

A l’âge de la majorité les éducateurs ne sont plus référents mais accompagnants et ce sont les jeunes qui choisissent leur accompagnant.

Les jeunes participent à des réunions programmées dans l’année :

· L’assemblée générale où Ils échangent autour de leur vie à l’IME et à l’extérieur, font des propositions de projets (séjours, sorties….)

· Les groupes de parole dont la composition est stable sont un espace de confidentialité.

· L’agora qui réunit 9 personnes représentant à parts égales les jeunes, les parents et les professionnels.

III-2 - On repère plusieurs types de difficultés lors de la préparation de l’orientation :

· L     La  résistance au changement pour ceux qui ne sont pas prêts à partir: on assiste souvent à des régressions, avec une mise en échec des stages… il faut alors sécuriser le passage, aider les jeunes à verbaliser leurs angoisses, favoriser la mise en place de représentations en organisant des pré-visites de structures pour adultes, utilisés des photos des pictogrammes….étayer le passage de façon à permettre au jeune de partir avec ses acquisitions.

· La confrontation à la réalité pour ceux qui se sentent prêts à partir : Certains jeunes ne comprennent pas la forme que prend leur orientation. Leur désir de normalité, de travail en milieu ordinaire ressurgit. Ils pensent pouvoir retrouver un parcours professionnel normal, décider par eux-mêmes… et enfin rompre avec ces professionnels qui les « stigmatisent » ! . Cette pensée qui se confronte cependant à la réalité va entraîner des crises ou des mouvements de dépression. Peu à peu ils prennent conscience des difficultés qui les écartent du milieu ordinaire.

L'orientation réveille aussi des  passages antérieurs difficiles pour les familles, qui reprennent leur rôle de combattants. Les parents ont peur du regard des professionnels qu’ils vont rencontrer dans les futures structures, de la confrontation avec des adultes handicapés plus âgés.

III-3- Le processus d’orientation peut relancer une dynamique d‘apprentissage !

Les confrontations au cours des stages avec de nouvelles exigences et d’autres personnes amènent ces jeunes à amorcer des changements, à progresser, voire à demander de l’aide pour démarrer des apprentissages et des rééducations jusque là impossibles à investir (lecture, écriture, rééducation du langage).

- Questions et commentaires dans l’assemblée :

Afin de continuer à développer leurs acquis ou à les maintenir, est-il possible de proposer la poursuite de ces apprentissages et rééducations aux adultes ? Une question similaire se pose pour les jeunes qui ont appris à communiquer grâce à des supports visuels ou en langue signée (pictogrammes, Makaton, LSF). Leur est-il possible de communiquer à l’aide de ces outils de communication alternatifs dans les structures pour adultes ?

 


IV- Mme Corinne LEFEUVRE chef de service du CITL, Mme Lydia COLLINET éducatrice spécialisée, Mme Rosina PANTOIS chargée d’insertion des SERVICES ROBINSON (7 Square Robinson, 92330 Sceaux).

 


L’équipe du CITL gère un Service d’Accompagnement et un service d’Aide à l’Insertion.

Les services Robinson font partie de l’ APEI sud 92, association de parents d’enfants handicapés, qui gère aussi L’ EMPRO de Bourg la Reine, l’ESAT de Garlande à Bagneux, le foyer Jeanny à Montrouge, le CITL Avenir à Fontenay aux Roses et tout récemment le FAM à Fontenay aux Roses .Ces structures accueillent au total 350 personnes encadrées par un peu moins de 200 salariés.

L’équipe des services Robinson comprend 1 directrice ,1 chef de service, 1 comptable, 8 accompagnants éducatifs (Educateurs spécialisés, une Assistante sociale), une conseillère en économie sociale et familiale, un agent de service, une psychomotricienne à mi-temps un psychologue à ¼ temps (soutien de l’équipe et auprès des personnes accueillies), et depuis peu une chargée d’insertion.

Le Service d’Aide à l’Insertion Professionnelle ou CITL :

Ouvert 225 jours par an, il accueille tous les jours de la semaine de 9 heures à 16 heures, 21 personnes adultes, à partir de l’âge de 20 ans, reconnues en situation de handicap mental ou psychique par une MDPH, momentanément inaptes au travail.

Les personnes sont majoritairement originaires du Sud des Hauts de Seine, mais aussi en raison de la proximité de nombreux moyens de transports, du Val de Marne, de l’Essonne et Paris.

L’admission requiert l’autonomie dans les transports.

Les personnes s’engagent à mener à bien, en moins de 3 ans, leur projet d’insertion ou de réinsertion professionnelle en milieu ordinaire ou protégé.

L’aide qui leur ait proposée se répartit sous la forme :

D’un suivi collectif : participation aux ateliers et sorties, cuisine, vaisselle, courses, repassage, informatique, bibliothèque, journal, sorties culturelles, bricolage, relaxation, théâtre, piscine…

D’un suivi individuel : accompagnement dans le contrat d ‘insertion, mise en place et suivi de divers stages en milieu de travail protégé ou non.

Le Principe :

Poser des conditions de « resocialisation » professionnelle pour des personnes ayant interrompu leur activité professionnelle, ou n’ayant jamais réussi à la pérenniser.

Aider des travailleurs handicapés qui n’ont pu être maintenus en poste à prendre de la distance, et repositionner un nouveau projet.

Accueillir des personnes venant d’IMPRO, ou de circuits scolaires traditionnels, ayant besoin d’acquérir maturité et attitudes professionnelles en vue d’intégration en milieu protégé ou ordinaire.

 

 


V - Mr le Dr Ovidio RAMOS  assure une consultation spécialisée à Paul Guiraud s’adressant aux personnes autistes.

La consultation se trouve au CMP de Villejuif.


La consultation spécialisée d’adulte atteint d’autisme existe depuis 2006 et n’est pas sectorisée.

Les motifs les plus fréquents de consultation sont :

· Les troubles du comportement,

· une demande de diagnostic,

· une aide demandée par les équipes qui se trouvent en difficultés.

Chez ces personnes, les déficits cognitifs, sociaux et de la communication,

· interfèrent dans leur autonomie

· limitent leur possibilité à bénéficier des services communautaires traditionnels

· Même les autistes sans retard mental manquent de capacités à initier et maintenir les interactions sociales. (Mesibov ,1983 ; Rutter, 1970)

28 à 40% des personnes autistes n’ont pas accès au langage ou ont une communication non verbale, d’autres ont un langage, mais qui n’est pas toujours fonctionnel.

L’absence de ces compétences à communiquer est à l’origine de la plupart des troubles du comportement. L’utilisation d’une aide à la communication par pictogrammes ou par gestes doit être accessible à ces personnes, il est donc très important que les professionnels acquièrent des aptitudes pour l’utilisation de ces aides à la communication.

Lorsque les éducateurs accompagnent ces adultes en consultation le Dr RAMOS qui a une formation aux techniques éducatives pour les autistes peut suggérer des aides à apporter à la communication.

Les déficits de la perception et du raisonnement abstrait, obligent ces personnes à faire des efforts considérables pour s’adapter à leur environnement.

Lorsqu’on est confronté à la problématique autistique même si on ne l’intègre pas, on peut comprendre qu’il leur est difficile d’accepter les contraintes et les rythmes des établissements. Cette difficulté majore les troubles du comportement rendues difficilement gérables du fait de leur carrure à l’âge adulte.

Un enfant autiste qui entre en maternelle doit faire des efforts considérables pour s’adapter à l’environnement scolaire. Du fait de sa sensibilité auditive exacerbée, et des rythmes scolaires trop importants pour lui, des troubles du comportement vont s’installer. Le premier travail à faire avec eux est de les aider à s’adapter progressivement à leur environnement.

La prise en charge des personnes autistes doit donc passer par la formation du personnel pour connaître la problématique de l’autisme, les stratégies éducatives ainsi que les aides à la communication.

Le recours aux médicaments : Il n’y a pas un traitement spécifique de l’autisme mais des médicaments à visée symptomatique.

Lors de la consultation le Dr Ramos essaye de décliner l’ensemble des difficultés auxquelles sont confrontées les équipes, de voir si la problématique organique somatique n’est pas la raison du trouble. Souvent les personnes autistes se plaignent d’avoir mal à la tête alors qu’elles ont mal aux pieds. Comme leur schéma corporel n’est pas intégré. Ils peuvent donner des fausses informations.

L’apprentissage avec les personnes autistes doit se faire très progressivement

Si on souhaite qu’une personne autiste réalise un certain nombre de choses auquel elle n’est pas habituée, il faut lui apprendre progressivement. Dans un premier temps, on lui apprend tout simplement à rester assise sur une chaise en lui demandant de se concentrer sur une tâche pendant quelques minutes puis progressivement, on lui demande de faire autre chose ou la même tâche en augmentant la durée de l’exercice.

Il est impressionnant de voir comment l’adaptation se fait progressivement et à quel point les acquisitions s’effectuent même au niveau pédagogique.

Ne pas oublier le soutien des accompagnants et des familles qui s’occupent d’autistes !

Quelle qualité de vie à l’âge adulte ?

Dans un parcours de vie, les situations de tension sont universelles mais les capacités nécessaires pour les surmonter sont inhabituelles pour les personnes autistes, il faudra donc trouver des adaptations en fonction de leurs capacités, leurs difficultés et leur faire bénéficier tout au long de leur vie d’accompagnements adaptés.

La précocité des prises en charge adaptées permettra d’éviter un certain nombre d’écueils.

Il ne faudra pas aussi oublier les sur-handicaps qui s’installent tout au long de la vie comme lors de l’entrée dans l’adolescence et du passage à la vie d’adulte.


 


VI- Mme Sabine PRIEUR-HACINE : Coordinatrice du Pôle 16/25 ans de la MDPH de Paris, depuis septembre 2009.


Le Pôle 16/25 : Une passerelle entre la MDPH enfant et la MDPH adulte.

Malgré la fusion des CDES et COTOREP en MDPH, les relations entre les services enfants et adultes n’étaient pas fonctionnelles.

D’une part l’augmentation exponentielle des dossiers à traiter entre la MDPH enfant et adulte ne permettait pas d’étudier de manière qualitative les dossiers adressés par le pôle enfant (35000 dossiers adultes contre 4000 enfants) ; d’autre part le changement brutal d’interlocuteur, médecin, travailleurs sociaux, était traumatisant pour les usagers (familles et enfants).

La création d’une passerelle entre ces deux services s’est donc avérée nécessaire.

Le pôle 16/25 ans existe depuis septembre 2009 ; il s’agit d’une petite unité composée d’une coordinatrice, une assistante coordinatrice, une psychologue, une assistante sociale.

Ce service ne s’occupe pas de la scolarisation des jeunes en milieu ordinaire ou en établissements spécialisés.

Tous les dossiers des 16-25 ans ne passent pas par le service.

L’unité intervient lorsqu’un médecin de la MDPH enfant considère qu’une évaluation supplémentaire est nécessaire avant d’adresser le dossier à la CDAPH. Par exemple un médecin repère un jeune qui va sortir d’un parcours de scolarisation ou d’un IME sans solution d’orientation appropriée….Le médecin alerte alors le service, pour envisager la suite en matière d’orientation professionnelle en milieu ordinaire ou en milieu protégé

L’équipe du service procède tout d’abord à une évaluation globale et individualisée de la situation du jeune. Des visites à domicile sont organisées lorsque le handicap est important. L’équipe essaie aussi de rencontrer sur site (IMPRO, Hdj, ASE…) tous les référents sociaux et les professionnels qui ont à un moment donné connu le jeune.

Suite à ces démarches l’évaluation se poursuit en équipe pluridisciplinaire, en présence d’un médecin du pôle adulte, d’un médecin du pôle enfant et de professionnels hors MDPH impliqués dans l’évaluation, soit 1 représentant de la mission locale ou du pôle emploi, un psychologue de l’AFPA…

A l’issue de cette équipe pluridisciplinaire des solutions voire des propositions pour les situations les plus complexes sont adressées aux membres de la CDAPH.

Le service travaille en lien avec de nombreux partenaires, l’éducation nationale, les foyers de jeunes travailleurs en milieu ordinaire et foyer d’hébergement médico-sociaux, les ESAT, les missions locales, pôle emploi, les centres de réadaptation…. Le service multiplie les visites d’établissements.

Cette unité encore expérimentale, rencontre un certain succès, les dossiers affluent et le manque d’effectif de l’équipe se fait ressentir devant l’augmentation du nombre de demandes.




VII- M. Joël CAZALET chef de service et M. Olivier GALLARDO éducateur technique spécialisé

Présentation du service « Etape » situé au sein de l’ESAT, ETAI de Villejuif


L’ESAT emploie 142 personnes qui travaillent soit dans des ateliers espaces verts, déménagement, conditionnement, ou en détachement sur une entreprise extérieure (exemple : les magasins généraux des hôpitaux de Paris).

La majorité des personnes accueillies ont un parcours antérieur en IMPRO.

L’Espace Etape a été créé, il y a 5 ans. Ce service n’est pas rattaché à l’ESAT même si il se situe dans ses locaux. « Etape » est un dispositif d’évaluation et d’accompagnement de personnes présentant un handicap sans avoir forcément la reconnaissance de travailleur handicapé. Ainsi 20 à 25 % des personnes suivies sont sur le versant du handicap psychique.

Etape travaille en partenariat étroit avec la MDPH.

Etape s’adresse à des personnes âgées d’au minimum 18 ans pour lesquelles le parcours professionnel n’est soit pas encore défini (exemple pour des sortants d’IMPRO) soit à redéfinir (en rupture d’activité professionnelle).

L’équipe est composée d’un coordinateur, une conseillère en économie sociale et familiale, un psychologue, et un éducateur spécialisé.

Les personnes sont reçues par le coordinateur qui leur donne les informations nécessaires sur le service.

Ensuite la psychologue évalue au cours de 4 à 5 entretiens les difficultés de la personne et son projet.

Cette première évaluation avec le coordinateur et la psychologue permet de savoir si la personne est en capacité de s’inscrire dans une dynamique d’insertion professionnelle.

Si le projet d’insertion en milieu professionnel parait difficile à mettre en place dans l’immédiat, la conseillère en économie sociale et familiale prend le relais pour accompagner la personne dans ses besoins sociaux, médico- sociaux ou sanitaires.

Si l’évaluation révèle de rapides capacités d’adaptation au travail, l’éducateur met en place des stages en milieu ordinaire ou spécialisé. L’éducateur se rend dans entreprises pour évaluer avec les référents les compétences techniques et socioprofessionnelles de la personne.

Au final un bilan adressé à la MDPH permet de statuer sur l’orientation de la personne.

La durée de l’accompagnement est variable selon les situations des usagers, allant de 6 à 8 mois jusqu’à 2 ans.

« Ce type de dispositif étant rare la liste d’attente est assez longue pour pouvoir y accéder ». Il est à souhaiter que ces entre deux entre IMPRO/ESAT, Hôpital de jour/ ESAT ou travail en milieu ordinaire se multiplient en développant aussi les possibilités d’insertion professionnelle à temps partiel.



VIII - Mme Annick BALDÉ et M. André DUBRESSON  Délégués UNAFAM

(Union Nationale des Amis et Familles de Malades Mentaux), 9 rue Viet, 94000 Créteil


L’UNAFAM essaie d’aider les familles des personnes présentant un handicap psychique.

Actuellement on estime à 12000 le nombre de personnes schizophrènes et bipolaires sur le Val de Marne. Peu d’entre elles sont hospitalisées la majorité sont en famille ou dans la rue.

L’association compte 350 adhérents sur le département. Des bénévoles qui ont eux mêmes l’expérience de la maladie psychique ont pour mission d’accueillir les familles, de les écouter, d’informer, de défendre les droits des personnes malades et de leur entourage.

Des groupes de parole et des ateliers d’entraide sont proposés aux familles.

L’association est présente dans les institutions sanitaires et sociales : à la MDPH, en CDAPH, dans les commissions départementales, dans les mairies…

Six points définissent le cadre de la politique de l’UNAFAM

1- Assurer la continuité des soins

2- Obtenir des ressources minimales

3- Avoir un logement adapté, ce qui va de l’hôpital jusqu’au logement propre en passant par les maisons relais.

4- Développer l’accompagnement personnalisé (SAVS)

5- Assurer une protection juridique si nécessaire (trouver un système de curatelle ou tutelle adapté).

6 - Accéder si possible à des activités Création des GEM ou Groupe d’Entraide Mutuelle.

L’UNAFAM n’a pas de politique immobilière, mais promeut des projets de création de structures ou service. Ainsi elle a contribué à l’ouverture de la MAS des Amis de l’atelier à Villejuif, et d’une maison relais suivi par un SAVS.

Au terme de ces 8èmes rencontres Mme BALDÉ nous a remerciés d’accorder un temps de paroles aux parents de malades psychiques … Elle nous a déclaré avoir vécu un enfer depuis la survenue de la maladie de son fils il y a 10 ans. Ces rencontres lui ont fait apparaître un monde de professionnels où « tout est bien huilé » autour du parcours de l’enfant handicapé mental, expérience qu’elle n’a pas vécue en tant que mère d’un jeune homme handicapé psychique. Elle a donc l’impression que le handicap mental est mieux accompagné que le handicap psychique même si celui-ci a été reconnu par la loi de 2005 . « Pour eux il n’y pas forcément de place à l’hôpital et lorsqu’ils sortent il n’y a pas de structures d’accueil. Ils se retrouvent alors à la maison. De plus les échanges entre professionnels comme avec les familles sont insuffisants ».

Mme BALDÉ souhaite donc que le partenariat psychiatrie adulte-familles-professionnels se développe pour les personnes handicapées psychiques en « atteignant les mêmes horizons » que celui dont elle a perçu l’existence, au cours de ces rencontres, pour les jeunes adultes handicapés mentaux.

 

Marie-Christine CHARPENTIER, Sylvie LOICHET

Coordinatrices du ROSMES94

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Mise à jour le Mardi, 30 Septembre 2014 15:33